L'idée d'une unité d'enquête qui ne viserait que Montréal «est à l'image de Vision Montréal : impertinente et complètement déconnectée de la réalité», estime l'administration Tremblay.

Le leader du parti du maire, Marvin Rotrand, a ainsi rejeté de façon cinglante la demande rendue publique par l'équipe de Louise Harel en fin de semaine. Il a rappelé que la commission Charbonneau, dont les travaux ont repris ce matin, avait justement le mandat de se pencher sur l'industrie de la construction au Québec, «ce qui inclut évidemment le monde municipal».

«J'ai tout à fait confiance en la commission, a précisé en entrevue M. Rotrand. Beaucoup de gens pensent qu'il y a collusion et corruption, mais il n'a jamais été prouvé que ç'a été érigé en système. Ce serait une erreur de multiplier les enquêtes.»

À la prochaine assemblée du conseil municipal, le 24 septembre, Vision Montréal entend déposer une motion réclamant la création d'une unité d'enquête «sur la gestion contractuelle et l'éthique à Montréal de 2001 à 2012». Selon Réal Ménard, porte-parole du parti de l'opposition en matière de sécurité publique, la commission Charbonneau risque de ne pas «apporter un éclairage spécifique sur Montréal.»

«M. Ménard siège depuis trois ans, il n'a jamais donné de preuves de quoi que ce soit», réplique Marvin Rotrand.

Retour sur les années Bourque

Le leader d'Union Montréal affirme par ailleurs trouver «étonnant» que le parti de l'opposition officielle se présente comme «le grand protecteur de la transparence et de l'intégrité». «Après tout, c'est bien cette formation politique, et sa chef, Mme Louise Harel, qui ont plaidé coupables à 18 constats d'infractions en matière de financement politique», rappelle le leader d'Union Montréal.

M. Rotrand remonte jusqu'à l'ère Bourque et suggère carrément une enquête sur «les 200 accusations de fraudes pour lesquelles l'ancienne administration de Vision Montréal a plaidé coupable.»

«Ils ont été au pouvoir de 1994 à 2001. J'aimerais bien que la commission Charbonneau jette un coup d'oeil sur cette époque. D'où est venu tout cet argent liquide qu'ils ont obtenu pour financer le parti?», demande le conseiller Rotrand.

L'administration Tremblay, plaide le leader du parti, a instauré une série de mesures pour lutter contre la corruption. «Nous prenons ce dossier très au sérieux. Nous avons mis en place le code d'éthique pour les élus et des clauses anticollusion et la Commission sur l'examen des contrats, présidée par un conseiller de l'opposition.» Il rappelle en outre la création du bureau du contrôleur général, la politique de gestion contractuelle la plus sévère au Québec, la ligne éthique et la révision de la politique d'approvisionnement «qui répond aux exigences de la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme.»

La sortie de M. Rotrand a été qualifiée de «tentative de diversion» par Louise Harel. Les infractions pour lesquelles Vision Montréal a plaidé coupable, soit d'avoir permis à des élus de cautionner des emprunts dépassant 10 000$, «sont des péchés véniels et n'ont rien à voir avec les accusations au criminel» portées contre la garde rapprochée du maire Tremblay, estime la chef de l'opposition. «On n'est pas dans les mêmes eaux troubles.»