La Ville de Montréal est si gangrenée par la corruption et les problèmes d'éthique qu'elle a besoin de sa propre «commission Charbonneau» pour y faire le ménage, estime Vision Montréal.

La formation politique déposera une motion à la prochaine sance du conseil municipal, le 24 septembre, afin d'exiger la création d'une unité d'enquête sur «la gestion contractuelle et l'éthique à Montréal de 2001 à 2012», a appris La Presse.

La nomination imminente d'un nouveau ministre des Affaires municipales est l'occasion parfaite pour formuler une telle demande, croient les troupes de Louise Harel.

Selon Réal Ménard, maire de l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, la commission Charbonneau risque de ne pas «apporter un éclairage spécifique sur Montréal», notamment sur le plan de l'éthique et sur le plan des contrats attribués en dehors du domaine de la construction. «Son décret constitutif porte sur l'industrie de la construction», rappelle l'élu. Par exemple, la Commission ne se penchera pas sur les présumées fraudes de plusieurs millions au service informatique de la Ville de Montréal ou sur le don de l'île Lapierre en échange d'un généreux crédit d'impôt, non plus que sur les causes et les conséquences de «la perte d'expertise à la Ville de Montréal» ni «le rôle des élus» dans des dossiers controversés.

Vision Montréal souhaite que le nouveau ministre décide des modalités de création de l'unité d'enquête. «Dans notre esprit, elle ferait rapport au ministre des Affaires municipales», a-t-il précisé.

Les dossiers s'empilent

Le texte de la motion que proposera l'opposition officielle cite quelques statistiques troublantes pour appuyer sa demande.

Par exemple: «Montréal a octroyé 74% des contrats d'asphaltage et de construction de trottoirs à huit firmes au cours des trois dernières années»; «au niveau de l'agglomération, l'entreprise Louisbourg SBC s'est vue accorder 18% de la valeur de tous les contrats accordés par le Comité exécutif, le Conseil municipal et le Conseil d'agglomération pendant les six premiers mois de 2011».

C'est justement l'accumulation de controverses touchant la métropole qui a motivé le parti à formuler cette demande au futur ministre des Affaires municipales, a indiqué M. Ménard.

«Compteurs d'eau», «deux élus de l'arrondissement de Saint-Laurent accusés formellement de corruption», «réfection du toit de l'hôtel de ville», «contrat de Telus», et plusieurs autres: la nouvelle unité ne manquerait pas de boulot, croit le maire d'arrondissement.

Une enquête politique?

Réal Ménard se défend bien de vouloir faire un coup politique en demandant la création de cette unité d'enquête, près d'un an avant les prochaines élections municipales.

«C'est quand même des faits objectifs. Ce n'est pas nous qui avons arrêté Frank Zampino, ce n'est pas nous qui avons fait en sorte qu'il y ait une telle perte d'expertise à la Ville, a-t-il répliqué. Il y a des choses troublantes à Montréal et personne ne gagne à vivre dans un tel climat de morosité.»

Selon nos sources, la motion sera présentée par M. Ménard, ainsi que par Chantal Rouleau, mairesse de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles. Celle-ci avait fait les manchettes il y a plusieurs mois lorsqu'elle avait dénoncé les liens troublants entre son arrondissement et certains entrepreneurs, héritage de l'administration précédente.

Anie Samson, mairesse de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, présentera également la motion.