Montréal compte désormais 27 ponts et tunnels dans un état critique alors que la Ville en avait recensé 12 l'an dernier. Assurant que l'état de ses structures reste néanmoins stable, l'administration municipale reconnaît qu'il faudra attendre quelques années encore avant de voir une amélioration.

À la suite de l'effondrement de paralumes dans le tunnel de l'autoroute Ville-Marie, Montréal avait décidé de rendre public l'état des 587 ponts et tunnels sous sa responsabilité. Un an plus tard, un nouveau bilan permet de constater que 6% d'entre eux ont été réparés ou complètement reconstruits. Mais voilà, durant cette période, une autre tranche de 6% s'est détériorée.

À consulter :

> L'État des ponts et tunnels sur le site de la Ville

«Notre objectif, c'est de réduire le nombre de structures critiques. Ça va se faire sur un certain nombre d'années. Il faut être réaliste, il ne faut pas bloquer les accès, il faut maintenir le flux de circulation», a indiqué Richard Deschamps, responsable des travaux publics au sein de l'administration Tremblay.

L'élu explique l'augmentation du nombre de structures dans un état critique constatée cette année par la multiplication des inspections. Il ne faut donc pas voir là une mauvaise nouvelle, selon lui: c'est que la Ville inspecte mieux.

Fait particulier, certaines structures désormais considérées comme «critiques» avaient été jugées en bon état l'année dernière, notamment deux ponts d'étagement sur le boulevard Marcel-Laurin, dans l'arrondissement Saint-Laurent. Pour être catégorisée dans un bon état, une structure ne doit présenter aucun signe de détérioration important. Comment une structure peut-elle passer de la catégorie la moins détériorée à la pire en une année? La détérioration d'un seul élément peut rapidement faire basculer sa cote, répond la Ville.

Richard Deschamps a par ailleurs tenu à assurer qu'une structure qualifiée de «critique» ne représente pas pour autant un danger pour les automobilistes. Il dit qu'il s'agit simplement d'un terme administratif pour classer les structures selon la priorité des travaux à mener. En cas de doute sur la sécurité d'un pont ou un tunnel, celui-ci est fermé ou des restrictions à la circulation sont imposées. Neuf structures sont d'ailleurs présentement fermées à la circulation sur le réseau montréalais et des restrictions ont été imposées à 20 autres.

Investissements en baisse

La Ville a par ailleurs annoncé qu'elle investirait beaucoup moins dans l'amélioration de ses ponts et tunnels que ce qui avait été annoncé au lendemain de l'effondrement des paralumes. Plutôt que 157 millions, c'est 108 millions qui sont maintenant prévus au cours des trois prochaines années. «C'est plus réaliste maintenant, on ne pouvait pas tout faire», a justifié Richard Deschamps.

En réduisant ses investissements, la Ville se trouve toutefois à investir moins que les 50 millions qu'elle juge nécessaires annuellement pour éviter que l'état de ses ponts et tunnels ne se détériore davantage.

«La capacité de payer des Montréalais a ses limites et il est important que les autres paliers de gouvernement s'engagent à nous aider», a plaidé Richard Deschamps.

Montréal rappelle que 58% de ses structures ont plus de 40 ans. «Il y a un travail colossal de rattrapage à faire à la suite de décennies de sous-investissement», a dit Richard Deschamps.

Les 587 structures sous la responsabilité de Montréal ne comptent pas les infrastructures du MTQ, comme l'échangeur Turcot et le tunnel Viger où se sont effondrés les paralumes, ou celles qui relèvent du fédéral, comme le pont Champlain.

Montréal dit soumettre toutes ses structures à une inspection rapide chaque année. La Ville assure en plus mener une inspection approfondie de toutes ses structures au moins tous les quatre ans.

La chef de l'opposition, Louise Harel, a déploré que la dégradation des structures puisse contribuer à accentuer la congestion routière. «Je ne pense pas que la Ville jouerait avec la vie des gens, mais je suis inquiète qu'on soit obligé de fermer des structures et que ça aggrave les problèmes de déplacement.»

Projet Montréal a pour sa part déploré les montants investis dans la réfection des ponts et tunnels. Le chef de la 2e opposition, Richard Bergeron, s'indigne de voir Montréal confier près de 50 millions en contrats à des entreprises soupçonnées de corruption et de collusion pour effectuer des travaux non urgents.