Coûteux et boudé par les électeurs, le vote par correspondance aux élections montréalaises sera abandonné après un seul essai.

C'est le président d'élection et greffier de la Ville, Yves Saindon, qui en a fait la demande aux élus. Ceux-ci devraient voter une résolution en ce sens au prochain conseil municipal, le 20 août. «Le vote par correspondance dans sa forme actuelle était inefficace et coûteux, il ne permet pas d'atteindre un taux de participation satisfaisant compte tenu des ressources financières et humaines nécessaires», a expliqué par courriel à La Presse Me Saindon.

Implanté en juin 2009 en vue des élections générales qui se sont tenues au mois de novembre suivant, le vote par correspondance n'a jamais rempli ses promesses, selon les documents explicatifs remis chaque mois aux conseillers. Il permettait à tout Montréalais ayant droit de vote aux élections municipales, mais qui n'habite pas dans la ville au moment des élections, d'envoyer ses choix électoraux par la poste.

L'initiative visait à favoriser la participation aux élections municipales, qui avait été d'à peine 35% pour la course à la mairie en 2005. Ce taux a grimpé à 39,4% aux élections suivantes, en 2009.

Cette année-là, on a évalué que 33 021 électeurs sur 1,1 million auraient pu se prévaloir de la possibilité du vote par correspondance. Seulement 3035 personnes de ce groupe, soit 1 sur 10, ont demandé à être inscrites sur la liste électorale. À peine 1215 électeurs ont finalement choisi de voter par correspondance, pour un bilan final de 3,6% de participation pour les électeurs non domiciliés. Ce groupe a représenté à peine 0,11% du nombre total des électeurs montréalais.

Fait à noter, la plupart de ceux qui ont opté pour ce type de vote étaient «résidants d'une banlieue rapprochée» et «auraient pu voter en personne dans les bureaux de vote réguliers». Le coût par électeur utilisant le vote par correspondance a été évalué à 76$, «soit un coût moyen par électeur plus de sept fois plus élevé que le coût pour un électeur domicilié», explique-t-on à la Ville.

Devant cette participation famélique, le conseil municipal a abrogé quatre fois, lors des élections partielles, le vote par correspondance.

Changement à la loi demandé

«Au-delà des résultats peu concluants, la tenue du vote par correspondance a entraîné des complications logistiques non négligeables», peut-on lire. Cette façon de voter s'avère «peu efficace dans un contexte urbain comme celui de la Ville de Montréal [...]. Il est mieux adapté à la réalité des municipalités de villégiature.» On estime que le vote par correspondance accordé aux électeurs hors Québec «serait plus approprié», mais cette innovation demanderait une modification à la loi de la part de Québec. «La Ville de Montréal a déjà fait des représentations en ce sens, note-t-on dans les documents. Toutefois, aucun amendement législatif à cet égard n'est prévu à court terme.»

«On pense que cette mesure aurait plus de succès et permettrait d'atteindre un meilleur taux de participation lors de la prochaine élection générale en 2013», précise Me Saindon.