Montréal a annulé la semaine dernière un appel d'offres pour la réfection de trottoirs, car le prix proposé par le plus bas soumissionnaire était «beaucoup plus élevé» que ce que les fonctionnaires avaient prévu. Ce geste inhabituel permettra au comité exécutif de relancer l'appel d'offres afin d'attirer des soumissions «plus compétitives», explique-t-on.

En septembre dernier, quatre entreprises, habituées de ce type de travaux, avaient concouru pour obtenir le contrat de réfection de trottoirs dans plusieurs rues de la ville. Le coût moyen des soumissions reçues avait été de 600 000$, soit 27% supérieur à l'estimation des professionnels de la Ville. La meilleure offre est venue de B.P. Asphalte, avec un prix de 570 121$, soit 21,2% supérieur à ce que la Ville croyait payer.

«Nous n'avons pas trouvé d'explications techniques permettant de justifier un tel écart, explique Gonzalo Nunez, porte-parole à la Ville. Montréal a décidé de reporter l'appel d'offres afin d'obtenir un juste prix, soit un prix du marché plus proche de nos estimations.»

«Groupe restreint» d'entrepreneurs

Selon un reportage de l'agence QMI publié en avril 2011, les quatre entreprises qui ont participé à cet appel d'offres, Pavage C.S.F, B.P. Asphalte, Pavages A.T.G et Mivela Construction, se sont partagé 78 des 79 contrats de réfection des trottoirs entre 2008 et 2010. Le rapport de Jacques Duchesneau, rendu public en septembre dernier, a signalé qu'à Montréal, «un groupe restreint d'entrepreneurs contrôlerait la plupart des contrats de travaux publics, en particulier ceux de réfection des rues et trottoirs».

Dans le cas de l'appel d'offres annulé la semaine dernière, la Ville de Montréal craignait-elle qu'il y ait eu collusion? «Le contrôleur général n'a pas constaté de telles situations dans ce dossier, répond M. Nunez. Sa recommandation était uniquement basée sur le constat d'un écart substantiel [entre l'estimation et la plus basse soumission].»

En octobre dernier, l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension avait annulé un appel d'offres dans des circonstances similaires, toujours dans le cadre d'un contrat de réfection de trottoirs. Cette fois, l'écart entre le plus bas soumissionnaire et l'estimation des fonctionnaires était encore plus grand, soit de plus de 44%. La mairesse Anie Samson avait alors dénoncé des «compagnies qui veulent faire des sous sur le dos de l'arrondissement».

L'arrondissement a relancé son appel d'offres au printemps, a indiqué la mairesse Samson plus tôt cette semaine à La Presse. «Cette fois, on nous a fait une soumission au prix qu'on avait estimé. Cela été une décision payante.»