Une enquête de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) conclut que le Consortium Pomerleau-Verreault, qui orchestre les travaux du chantier du futur Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), a compromis la sécurité de ses travailleurs.

Au cours de l'hiver, un ouvrier de la construction, père de cinq enfants, s'est retrouvé dans le coma après avoir reçu un bloc de glace sur la tête provenant du 15e étage lorsqu'il faisait des travaux à la hauteur du 4e. Il s'agissait du troisième accident à survenir sur le chantier à la suite de chutes d'objets.

Serge Provost, mécanicien-vitrier de 56 ans, est un véritable «miraculé». Il a survécu à un grave traumatisme crânien qui l'a plongé dans un coma dont ses médecins croyaient qu'il ne pourrait jamais émerger. Sa famille avait accepté de le débrancher, mais la décision a été reportée in extremis après qu'il eut ouvert les yeux, à la surprise de ses médecins. Aujourd'hui, il est de retour chez lui, mais conservera d'importantes séquelles.

L'accident est survenu le 12 janvier dernier sur le chantier du futur Centre de recherche du CHUM, situé sur l'avenue Viger, au centre-ville. La victime faisait des travaux sur une plateforme de travail à l'extérieur lorsqu'elle a reçu un morceau de glace de plus de 2,8 kg sur la tête, provenant du 15e étage, où pluie et neige s'étaient accumulées dans une poche formée par une toile rabattue autour d'un garde-corps.

Avant l'impact, un ouvrier d'un sous-traitant, Constructions L.J.P., a déployé la toile et l'a laissée battre au vent.

Dans un rapport rendu public hier, la CSST est d'avis que le maître d'oeuvre, le Consortium Pomerleau-Verreault, et les Constructions L.J.P. n'auraient pas dû permettre la réalisation de travaux superposés. La CSST estime que le risque de chute d'objets au moment de la manipulation des toiles aurait dû faire l'objet d'une évaluation et qu'aucun périmètre de sécurité n'avait été établi.

Un constat d'infraction a été remis aux deux entreprises. C'est la Cour du Québec qui devra trancher sur la somme à payer. Pour ce type d'infraction, l'amende varie de 15 420$ à 61 680$ dans le cas d'une première infraction.

Joël Rochon, responsable des communications du Consortium Pomerleau-Verreault, assure que les mesures de sécurité sur le chantier ont été «resserrées» en collaboration avec la CSST dès l'accident de M. Provost.

Ce n'était pas la première fois qu'un accident préoccupant survenait sur le chantier du CHUM. En août 2011, une poutre d'aluminium s'est écrasée sur un taxi qui circulait sur l'avenue Viger, près de la rue Saint-Denis. En novembre, au moins quatre véhicules qui circulaient sur Viger ont été endommagés par du béton tombé du 13e étage. Heureusement, personne n'a été blessé lors de ces événements.

M. Rochon affirme que ces deux accidents ont aussi mené à un resserrement des règles et que deux enquêtes internes ont été ouvertes à la suite des événements. La CSST avait aussi demandé des correctifs au Consortium.