Sentiment de déjà-vu dans la rue Peel. À peine 24 heures après la fin d'une semaine entière de travaux de réfection d'une conduite d'eau, tout est à recommencer. Une deuxième conduite, située à quelques mètres à peine de l'autre, a cédé. La rue devra être fermée de nouveau. Pour les commerçants, c'est littéralement la goutte qui fait déborder le vase.

«On est en train d'isoler Montréal», rage le chef Carlos Ferreira, dont le restaurant Café Ferreira a pignon sur rue dans la zone des travaux. «Les gens ne viennent plus. Quand ils n'ont pas peur de tomber dans un trou ou d'être coincés dans un chantier, ils craignent de se faire prendre dans une manifestation.»

Le 12 juin, l'arrondissement de Ville-Marie a lancé des travaux d'urgence dans la rue Peel entre Sainte-Catherine et De Maisonneuve. Une conduite d'eau secondaire de 20 cm de diamètre venait de connaître quatre bris en trois jours. On a dû éventrer le pavé et fermer la voie, certains jours en partie, d'autres, complètement. Mercredi, après huit jours de chantier, les travailleurs ont terminé l'asphaltage. Coût des travaux: 40 000$, selon une évaluation approximative. Le lendemain à 19h30, une conduite perpendiculaire a éclaté à son tour. Le bal des travaux était relancé.

La rue a été refermée à la circulation jusqu'à hier midi afin d'évaluer la situation. D'autres fermetures, partielles du moins, sont à prévoir la semaine prochaine, lorsqu'on s'attaquera à la réparation de la conduite qui alimente en eau les Cours Mont-Royal. Il faudra rouvrir soit l'asphalte, soit le trottoir.

Pas prévisible,  dit l'arrondissement

À l'arrondissement, on assure qu'il aurait été impossible d'intervenir la semaine dernière, lorsque la rue affichait déjà un trou béant. «Il n'y avait pas de problème», assure la porte-parole Annick de Repentigny, qui ajoute qu'à l'heure actuelle, les causes du nouveau bris sont inconnues.

Un argument qui laisse de glace les marchands du secteur. Pour eux, cette histoire n'est rien d'autre qu'une preuve de la mauvaise gestion que fait Montréal de ses infrastructures. «Je comprends que la ville est vieille, mais il y a sûrement moyen de mieux prévoir», insiste Carlos Ferreira, qui raconte avoir perdu des clients à cause des travaux. «On a parmi les meilleures firmes d'ingénieurs du monde et on ne fait pas mieux? C'est inconcevable. Les commerçants travaillent fort. Ils amènent de l'argent, mais personne ne nous tient au courant de rien.»

Même son de cloche au restaurant Carlos&Pepe's, où le directeur général Philippe Woron qualifie de «ridicule» l'actuelle situation. «Ne pourraient-ils pas faire des études afin de tout réparer d'un coup au lieu de recommencer chaque fois? Ça fait mal aux commerçants. Nous avons perdu au moins deux jours de vente la semaine dernière et ça va recommencer.»