Les élus de l'arrondissement d'Anjou, au nord-est de Montréal, demandent au ministère des Transports du Québec (MTQ) de «procéder à une étude globale» sur la bonne fonctionnalité de l'autoroute 25 et de ses voies de desserte, afin de corriger les problèmes de circulation qui surgissent sur leur territoire depuis la mise en service de l'autoroute privée, en mai 2011.

> En graphique: le chemin de croix des résidants d'Anjou

Selon la résolution adoptée le 4 avril dernier, la configuration de cette autoroute fait en sorte de dévier toute la circulation locale vers les voies de desserte, entrecoupées par de très longs feux de circulation «qui présentent déjà des niveaux de saturation élevée».

Elle prive aussi les résidants des quartiers limitrophes de tout accès à l'autoroute sur une distance d'environ 3,4 km, entre le nouveau pont à péage de l'autoroute 25 et la rue Larrey, dans le parc industriel d'Anjou.

En entrevue à La Presse, le directeur général de l'arrondissement, Jacques Rioux, a estimé qu'il faudrait construire au moins deux entrées et deux sorties de plus, sur ces 3,4 km d'autoroute, pour desservir convenablement les quartiers limitrophes de l'A25, dans le nord de Montréal.

Le ministère des Transports du Québec n'est pas de cet avis.

«Les automobilistes qui roulent en direction nord, pour se rendre vers Rivière-des-Prairies par exemple, sont obligés de quitter l'autoroute à la sortie Larrey-Henri-Bourassa, et de remonter la voie de desserte jusqu'aux boulevards Perras et Gouin, qui sont à plus de 3 km de là», explique M. Rioux.

En direction sud, c'est encore pire, dit-il. La première entrée de l'autoroute se trouve à plus de 1 km de la plus importante artère du secteur, le boulevard Henri-Bourassa, et draine la circulation produite par «un bassin de population d'environ 100 000 résidants, en comptant seulement ceux d'Anjou et du secteur Rivière-des-Prairies», souligne-t-il.

«Si vous arrivez de Montréal-Nord et de Rivière-des-Prairies, vous suivez une voie de desserte sur des kilomètres pour avoir accès à l'autoroute 25. Ça fait un long bout de chemin, avec beaucoup de feux de circulation, de la congestion. Ce n'est pas fonctionnel du tout.»

De 10 à 15 minutes de plus

«C'est comme si tout avait été prévu pour ceux qui empruntent le pont de l'A25, mais pas pour la circulation locale», affirme Denise DesLauriers, résidante de Montréal-Nord qui vit sur le boulevard Gouin, près de la rivière des Prairies, à quelques centaines de mètres à peine du pont à péage et de la nouvelle autoroute 25.

Malgré cette proximité, elle ne peut pas emprunter l'autoroute en direction sud pour se rendre vers le centre-ville, par exemple, avant de parcourir une voie de desserte de 3 km qui longe l'autoroute sans y donner accès. En chemin, elle doit patienter de deux à trois minutes aux feux de circulation de quatre artères montréalaises: les boulevards Perras, Maurice-Duplessis et Henri-Bourassa et la rue Bombardier. C'est à la hauteur de cette rue qu'elle prend, enfin, la première bretelle d'accès à l'autoroute depuis le pont de Laval.

«Quand on est venus s'installer ici, mon conjoint et moi, un peu avant l'ouverture de l'A25, il y avait une sortie, au nord du boulevard Henri-Bourassa, qui me permettait de quitter l'autoroute plus au nord, à deux intersections de chez moi. Elle a été fermée dès que le pont de l'A25 a été ouvert.»

Mme DesLauriers, qui fait parfois deux ou trois fois par jour le trajet jusqu'aux entrées et sorties de la rue Larrey, estime qu'elle perd, aujourd'hui, entre 10 et 15 minutes de plus, à chaque déplacement, pour se rendre jusque chez elle ou aller prendre l'A25, vers le sud de la ville.

Et Mme DesLauriers ne prend jamais l'A25 en période de pointe.

«C'est trop fou. J'aime mieux me faufiler jusqu'à Montéal-Nord par des petites rues, dit-elle. C'est plus long, mais c'est moins stressant.»

Depuis l'automne dernier, explique le directeur de l'arrondissement d'Anjou, Jacques Rioux, des entreprises et des commerces «ont commencé à dire [à l'arrondissement] qu'il y avait beaucoup de circulation qui passait dans leur secteur, et qui ne s'arrêtait pas».

Un grand nombre d'automobilistes préfèrent éviter l'autoroute plutôt que d'emprunter les voies de desserte conçues par le MTQ. Un peu partout dans l'arrondissement, dit M. Rioux, surgissent une multitude de problèmes de circulation ponctuels, auxquels Anjou n'est pas habitué.

À moyen ou long terme, indiquent les élus d'Anjou dans une résolution expédiée au MTQ, «la bonne fonctionnalité du nouvel axe autoroutier de l'autoroute 25 et de ses voies de desserte pourrait être considérablement affectée, entre la rue Larrey et le boulevard Henri-Bourassa», dans un rayon de 1 km autour des entrées et d¿es sorties actuelles de l'A25.

«Tout le monde est content de l'arrivée du pont, parce que ça nous donne enfin un accès rapide vers Laval et la couronne nord, dit M. Rioux. Mais on entend de plus en plus de gens, surtout des dirigeants d'entreprise, qui disent qu'ils sont un peu déçus par les difficultés d'accès à l'autoroute.»