La crise étudiante n'explique pas à elle seule la contre-performance des hôteliers montréalais en mai. La métropole a accueilli au cours du dernier mois 7300 congressistes de moins qu'à pareille date en 2011. Or, l'industrie touristique avait déjà anticipé cette baisse - qui n'a aucun lien avec les manifestations et les casseroles - puisque les réservations pour les congrès et les événements d'envergure se font généralement quatre ou cinq ans à l'avance.

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En mai, le Palais des congrès a été l'hôte de trois événements regroupant 17 850 participants contre cinq l'an dernier, qui avaient attiré 25 150 personnes. La planification des congrès tenus en 2012 s'est faite en 2008, en pleine crise économique, dans un contexte où les entreprises et les organisations étaient plus frileuses à l'idée de dépenser. Selon la directrice du marketing et des communications du Palais des congrès, Chrystine Loriaux, c'est ce qui peut expliquer pourquoi le nombre d'événements est moins important. Et cette diminution a certainement eu un impact sur le nombre de chambres louées à Montréal, affirme-t-elle. Chaque personne qui prend part à ce genre d'événement fait un séjour d'une à trois nuits, en moyenne. Rappelons que les hôtels de la métropole ont enregistré 25 000 nuitées de moins en mai 2012 et les revenus de location ont diminué de 10,68%. «Dès qu'il y a des congressistes de moins, c'est clair qu'il y a une incidence», indique Mme Loriaux.

Selon Tourisme Montréal, les touristes d'affaires passent en moyenne 3,4 nuits à Montréal. Un déficit de 7300 congressistes en mai pourrait ainsi avoir représenté jusqu'à 24 820 nuitées de moins pour les hôtels de la métropole.

À Tourisme Montréal, toutefois, on jette toujours le blâme sur le conflit qui fait rage entre le gouvernement et les étudiants. «On pense que la majorité de la baisse est attribuable à la médiatisation de la crise sociale que nous vivons en ce moment», lance sans détour Pierre Bellerose, vice-président relations publiques de Tourisme Montréal. Selon lui, les images de manifestations et de brasse-camarade qui ont circulé à l'étranger ont contribué à refroidir les ardeurs de certains visiteurs qui avaient l'intention de venir dans la métropole. M. Bellerose souligne que, à partir du moment où différents médias du monde se sont intéressés au conflit, les hôteliers ont commencé à recevoir des appels d'annulations de chambres.

«Que ce soit une révolution sociale alors que 15% seulement des étudiants ont l'air de nous mener par le bout du nez, je trouve ça outrageant», a pour sa part déclaré Charles Lapointe, président-directeur général de Tourisme Montréal, au cours d'un discours prononcé devant ses membres la semaine dernière.

Et s'il n'y avait pas eu de conflit étudiant, les hôtels auraient-ils mieux tiré leur épingle du jeu? «On aurait quand même eu une baisse, reconnaît Pierre Bellerose, mais elle aurait été beaucoup plus faible.»

«Ce n'est pas la faute des étudiants, ni celle du gouvernement, insiste-t-il. C'est la crise sociale dans son ensemble qui a des répercussions. Maintenant, ça prend du calme pendant quelques jours pour que la situation revienne à la normale.»

Bonne nouvelle, toutefois, l'Institut des ingénieurs électriciens et électroniciens (IEEE) tiendra son Symposium international sur les micro-ondes, le Microwave Theory and Techniques (MTT), à Montréal du 17 au 22 juin. Cet événement d'envergure attirera dans la métropole plus de 10 000 congressistes provenant de 32 pays. Puis, on sait d'ores et déjà que le mois de mai 2013 attirera quelque 23 800 délégués qui participeront à sept congrès.