Avouant avoir un «préjugé favorable» pour la bouffe de rue, l'administration Tremblay mandate une commission pour étudier l'élargissement de l'offre à Montréal.

La Commission sur le développement économique et urbain pourra entendre tous les intervenants, des restaurateurs aux simples citoyens, et déposera un rapport vraisemblablement cet automne. Le conseil municipal sera ensuite appelé à se prononcer «le plus rapidement possible», a annoncé cet après-midi Richard Deschamps, responsable du développement économique au comité exécutif.

«On veut une réflexion dirigée vers l'action. Ça s'inscrit dans l'esprit de Montréal, qui est une ville festive, créative et gastronomique, c'est une tendance mondiale. On a un préjugé favorable pour faire quelque chose de qualité, diversifié et bien encadré.»

Prêt à changer les règles

Ce n'est pas la première fois que la Ville se penche sur la question : il y a une dizaine d'années, une consultation semblable avait mené à l'abandon du projet. Depuis 1947, l'offre d'aliments sur la voie publique est strictement encadrée et n'est permise que dans le cadre d'événements ponctuels, sur des lieux désignés. «On est plus prêt maintenant à changer les règles, c'est ce que la population demande. Plusieurs expériences ont été tentées ces dernières années. Nous voulons maintenant une analyse des implications et des enjeux sur le sujet.»

Le parti de l'opposition Vision Montréal, dirigé par Louise Harel, avait déjà annoncé la semaine dernière qu'il déposerait une motion au prochain conseil, lundi, pour autoriser la bouffe de rue. L'annonce de cet après-midi satisfait Véronique Fournier, une des conseillères de Vision Montréal qui a piloté le dossier.

«On est content que l'administration se mette au diapason des Montréalais, qu'on fasse le débat. Les pratiques actuellement sont en avance sur la réglementation.»

Pas un touriste de plus

L'Association des restaurateurs du Québec a immédiatement réagi, par la voix de son vice-président François Meunier, présent à la conférence de presse de M. Deschamps. «On accueille favorablement l'idée d'étudier la question. Mais on s'inquiète de l'étendue de ce "préjugé favorable". Il serait inacceptable pour nous qu'on se retrouve avec des camionnettes qui circuleraient librement. Il y a des espaces publics pour ça.» Il enjoint la Ville à exiger des restaurateurs sur rue les mêmes normes appliquées aux quelque 6500 restaurants de Montréal. «Il ne faut pas qu'il y ait deux poids deux mesures. Il faut qu'il y ait un encadrement précis. Est-ce que Montréal a vraiment besoin de ça? Ça ne va pas amener un touriste de plus.»