Après un an d'incertitude et d'échanges dans les médias sur le sort de BIXI, Québec et Montréal s'entendent: la Ville doit trouver un partenaire privé pour continuer l'aventure.

La hache de guerre semblait bien enterrée ce matin, à l'occasion d'une annonce à Longueuil à laquelle assistaient le maire de Montréal, Gérald Tremblay, et le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard. Lors du point de presse qui a suivi, les deux hommes ont minimisé leur désaccord concernant l'obligation de vendre les activités internationales de BIXI, de loin les plus rentables.

«La priorité, c'est de trouver des partenaires québécois qui peuvent continuer l'expansion de BIXI sur la scène internationale, a expliqué le maire Tremblay. Présentement, on évalue des scénarios avec des partenaires pour faire en sorte que la responsabilité ne soit pas uniquement celle des contribuables montréalais.»

Investissements additionnels

Après trois ans d'existence, a-t-il affirmé, le concept du BIXI a prouvé sa rentabilité et peut maintenant intéresser des partenaires privés.

«Il faut continuer à le développer. Pour le pérenniser, ça nécessite des investissements additionnels. Est-ce qu'on peut avoir un partenaire qui va nous accompagner dans ces investissements additionnels, pour qu'on puisse continuer à vendre un produit distinctif de qualité, sur la scène internationale?»

Le ministre Lessard a reconnu que la situation depuis un an a causé une certaine «frustration» du côté de l'administration montréalaise. «Ç'a confronté les organisations, pas le maire de Montréal et le ministre des Affaires municipales.», affirme-t-il. La structure actuelle de BIXI, une société paramunicipale qui fait de la commercialisation et de l'exportation, «ne correspond pas aux objectifs de la loi», plaide-t-il.

«Dans les affaires municipales, le problème, c'est que quand une chose n'est pas nommément dite, il faut changer la loi pour la faire. Je dis au maire: "Faites un plan." Ils ont travaillé fort et ils font un plan. Le maire de Montréal a pris l'engagement et les fonctionnaires se rencontrent.»

Effrayer les investisseurs

Le ministre a repris sa formule insolite de la semaine dernière, rappelant que le BIXI «est un bécyk à pédales... et il y a de l'innovation dedans. C'est un modèle de transport actif, mais on finance quand même quelque chose qui est manufacturé. À la fin, c'est de la fabrication d'un vélo, d'un "bécyk".»

Le maire Tremblay a exhorté les médias à éviter les controverses autour de ce «joyau qui fait la fierté des Montréalais», craignant d'effrayer les investisseurs.

Toutes les fois qu'on parle de BIXI de façon négative, ç'a une influence sur les négociations qu'on peut avoir avec des partenaires. Il y a déjà des partenaires qui expriment une réserve sur la stabilité éventuelle de BIXI.»

Les deux élus ont fait ces déclarations en marge d'une annonce de subvention de 350 000$, visant à permettre aux municipalités du Grand Montréal de se doter d'un Plan de développement de la zone agricole. À titre de président de la Communauté métropolitaine de Montréal, le maire Tremblay y voit l'occasion de ressusciter le projet de «grappe bioalimentaire». Évoqué une première fois en 1990, alors qu'il était ministre de l'Industrie au sein du gouvernement Bourassa, ce concept regroupe l'agriculture, la transformation et la commercialisation des aliments.