Les Montréalais n'auront pas leur mot à dire sur le règlement antimasque. Les bombes fumigènes lancées jeudi dans le métro et les manifestations annoncées par la CLASSE ont convaincu l'administration Tremblay d'accélérer l'adoption du nouveau règlement sur les manifestations, si bien que la consultation publique qui était prévue n'aura pas lieu.

Jeudi soir, l'entourage du maire s'est réuni pour revenir sur l'événement du jour. Des bombes fumigènes lancées dans trois stations de métro ont forcé la fermeture de tout le réseau et empêché de 200 000 à 300 000 personnes de se rendre au travail. C'était la première interruption complète du service depuis 23 ans. Puis, la CLASSE a rejeté l'entente avec le gouvernement et promis de nouvelles manifestations, dont une importante le 22 mai.

Le verdict de cette rencontre de la garde rapprochée du maire est tombé tôt vendredi matin: Gérald Tremblay convoque d'urgence les élus vendredi prochain pour adopter le règlement antimasque. Les nouvelles règles entreront donc en vigueur dans une semaine, soit un mois plus tôt que prévu. «J'ai dit que j'étais prêt à accélérer l'adoption de ce règlement si la situation continuait de se dégrader dans la métropole», a justifié le maire dans un communiqué envoyé aux médias à 5h30 du matin.

L'audience publique sacrifiée

L'administration Tremblay sacrifie l'audience publique qui devait avoir lieu le 28 mai. Impossible de convoquer une telle séance plus tôt, assure Martine Painchaud, porte-parole du maire. «Selon les règles de la Commission sur la sécurité publique, on doit inviter les citoyens à une séance 14 jours à l'avance. C'est pour cette raison qu'on ne pourra pas tenir une audience publique, parce que notre priorité, c'est d'accélérer l'adoption du règlement.»

Le nouveau règlement multiplie par cinq les amendes auxquelles s'exposent les personnes coupables d'avoir «troublé la paix». L'amende pour la première infraction sera désormais de 500$ à 1000$. Les récidives pourraient coûter à leur auteur jusqu'à 3000$. Les nouvelles règles obligeront aussi les organisateurs des manifestations à révéler l'itinéraire de leur marche, sans quoi leur rassemblement sera déclaré illégal. «C'est un règlement dirigé contre les casseurs. Il n'est pas question ici de demander au père Noël d'enlever sa barbe», a de nouveau tenu à assurer Claude Trudel, responsable de la sécurité publique à la mairie.

L'opposition officielle appuie le principe d'un règlement antimasque, mais elle demande toutefois quelques clarifications au sujet de l'interdiction de manifester le visage caché «sans motif raisonnable». «Il faut expliciter, à tout le moins publiquement, ce qu'est un motif raisonnable et il faut clarifier dans quelles circonstances les policiers pourront intervenir», a indiqué Louise Harel, chef de Vision Montréal.

Le maire Tremblay critiqué

L'opposition déplore aussi que l'administration Tremblay, dans sa précipitation, renonce à la consultation publique. «Est-ce une réaction de panique en réponse à la piètre performance du maire vendredi après-midi?» a demandé Louise Harel. La réaction du maire aux incidents survenus dans le métro a en effet été durement critiquée, notamment sur les réseaux sociaux. Des dizaines d'internautes ont relayé une boutade qui disait: «Gérald Tremblay a autant d'autorité qu'une suppléante en éducation physique de quatrième année du secondaire à 14h30 un vendredi avant les vacances.» D'autres messages plus durs encore circulent depuis jeudi.

Le maire a tenté de se montrer plus tranchant, vendredi, et a appelé le gouvernement à régler rapidement la situation. «Le maire dit que l'assainissement du climat, ça revient au gouvernement de régler ça le plus rapidement possible», a affirmé Martine Painchaud.