Un immeuble à logements de Parc-Extension a été évacué d'urgence hier après-midi en raison d'importants problèmes d'insalubrité. Le propriétaire, Claudio Di Giambattista, a déjà reçu 250 avis d'infraction assortis d'amendes de plus de 110 000$.

La douzaine de familles qui habitaient au 785, rue Ball avaient jusqu'à la mi-mai pour quitter l'immeuble, mais une récente inspection du Service incendie a précipité leur éviction. Les pompiers ont trouvé des fils électriques qui pendaient du plafond du sous-sol et sur lesquels de l'eau tombait. Rats et blattes fourmillent dans l'immeuble, et certains logements sont infestés de moisissures et de champignons.

Difficile pour les familles

La famille de Syed Tuqeer Hussain ne savait toujours pas où elle passerait les prochaines nuits. «C'est difficile, on ne voulait pas partir», a dit le jeune homme de 20 ans. Les murs de la salle de bains du logement où vit la famille de sept personnes originaire du Pakistan sont couverts de moisissures.

Le propriétaire en cause dans cette affaire, Claudio Di Giambattista, est reconnu pour les problèmes répétés d'entretien de ses bâtiments. En novembre, un autre de ses immeubles a été évacué pour les mêmes raisons, rue Stuart. Depuis, l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension en a barricadé les entrées pour éviter que de nouveaux locataires y élisent domicile. Le même sort attend l'immeuble de la rue Ball.

La mairesse de l'arrondissement Anie Samson se désole de la situation pour les familles privées de logement. Elle s'indigne également du peu de ressources mises à leur disposition. «Il faut trouver une façon d'aider parce que, sur le plan humanitaire, les gens qui vivent dans des conditions aussi insalubres sont souvent les plus vulnérables.»

Propriétaire indésirable

L'arrondissement refuse de faire les travaux en lieu et place du propriétaire et de lui envoyer la facture pour éviter que tout ne soit à recommencer dans quelques années. «On veut se débarrasser de M. Giambattista», a lancé la mairesse Anie Samson.

Le propriétaire possède un autre immeuble dans Parc-Extension, rue Durocher. La Ville avait d'ailleurs réalisé pour 98 000$ de travaux dans l'une de ses propriétés en 2004, et elle a eu du mal à récupérer cet argent.

Rencontré il y a deux semaines, Claudio Di Giambattista a nié que son immeuble de la rue Ball soit insalubre. «Quels champignons? Il faut juste peinturer par-dessus», avait-il crié à La Presse.

Risques de maladies respiratoires

«Non! Quand on a de la moisissure, ce n'est pas suffisant d'ajouter une couche de peinture. Il faut d'abord comprendre pourquoi la moisissure pousse», s'indigne Norman King, responsable adjoint du secteur Environnement urbain et santé à la direction de la santé publique (DSP) de Montréal. Il explique que la peinture n'élimine pas le problème, qui réapparaîtra quelques semaines plus tard. Les moisissures provoquent et aggravent des maladies respiratoires en émettant de fines particules dans l'air.

La DSP a publié en 2011 une étude selon laquelle 36% des logements où vivent des enfants à Montréal ont des problèmes d'humidité excessive ou de moisissures. Ces problèmes seraient responsables de 17% des cas d'asthme et de 26% des cas d'infections respiratoires chez les enfants de 6 mois à 12 ans.