Les trois partis municipaux de Montréal ne ménagent pas leurs efforts en vue de l'élection partielle de demain dans le Vieux-Rosemont, vue comme une répétition à 18 mois des prochaines élections générales. Pour Vision Montréal, qui tente de préserver son siège. Pour Projet Montréal, auquel le maire de l'arrondissement vient de se joindre. Et pour Union Montréal, qui a recruté une ancienne mairesse de l'arrondissement. Les affiches électorales tapissent la rue Masson, les candidats multiplient les poignées de main dans leur porte-à-porte, il ne manque qu'une chose pour rendre complète l'élection partielle: l'intérêt des électeurs.

Denise Larouche, Union Montréal > Femme d'expérience

«J'ai été mairesse de l'arrondissement et je sais comment ça fonctionne.» Denise Larouche mise sur son expérience en politique municipale pour se faire élire demain lors de l'élection partielle dans le Vieux-Rosemont.

À 18 mois des prochaines élections générales, les résidants du quartier appelés aux urnes ne devraient pas confier un aussi court mandat à un politicien inexpérimenté, plaide la candidate d'Union Montréal. «Juste d'apprendre les dédales de la politique, comment fonctionne l'arrondissement, ça va prendre un an et demi. Moi, demain matin, je suis efficace.»

Dans son porte-à-porte, Denise Larouche n'hésite pas à parler de son expérience comme conseillère municipale, de 1998 à 2001, et de mairesse de l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Partie jusqu'en 2005. À l'époque, elle défendait les couleurs de Vision Montréal, mais elle dit avoir quitté le navire après le départ de Pierre Bourque.

Aujourd'hui, c'est plutôt sous la bannière d'Union Montréal, le parti du maire Tremblay, qu'elle se présente. La femme reconnaît qu'elle se trouvera dans une étrange position si elle est élue. Bien qu'elle se présente pour le parti au pouvoir à l'hôtel de ville, elle siégera dans l'opposition à l'arrondissement.

Peu lui importe, assure-t-elle, les élus de tous les partis devant travailler ensemble dans les arrondissements. Elle note d'ailleurs que les enjeux défendus par les principaux candidats à l'élection partielle se ressemblent. Tous demandent un meilleur entretien des rues et une amélioration du déneigement.

Pour financer ces services, les arrondissements ne doivent pas uniquement compter sur la ville centre, dit toutefois Mme Larouche, mais «gérer comme des entreprises». Pour elle, il faut favoriser le développement. «Des projets, ça veut dire de l'investissement. Ça veut dire qu'on doit délivrer des permis. Ça veut dire de l'argent frais qui rentre. Ça nous permet de boucher les trous.»

Photo: Ninon Pednault, La Presse

À 18 mois des élections générales, les résidants du Vieux-Rosemont ne devraient pas confier un aussi court mandat à un politicien inexpérimenté, dit Denise Larouche.

Hélène Dagenais, Vision Montréal > Éviter «l'effet Plateau»

Plateau adjacent. Ces deux petits mots fréquemment utilisés pour vendre ou louer des logements du Vieux-Rosemont doivent servir d'avertissement, dit Hélène Dagenais, candidate pour Vision Montréal à l'élection partielle de demain. Déterminée à endiguer l'embourgeoisement que connaît le quartier voisin, cette organisatrice communautaire souhaite favoriser le logement social pour permettre aux résidants du secteur d'y demeurer malgré l'augmentation du prix des loyers.

«On ne veut pas devenir un nouveau Plateau», martèle Hélène Dagenais. Elle se désole de voir la liste d'attente pour les logements à loyer modique allonger rapidement. Selon elle, la Ville devrait réserver des terrains pour construire de nouvelles habitations abordables. «On veut conserver notre monde. Pour faire ça, il faut plus de logement social.»

Cette crainte de la «plateauisation» touche également la croissance de la rue Masson, artère commerciale qui connaît un nouvel élan. «Il faut éviter que Masson devienne une rue de restaurants. Il y a une mixité de commerces à conserver», plaide Mme Dagenais.

Autre enjeu important, l'aspirante conseillère souhaite améliorer l'entretien des rues locales. «Ça fait 14 ans que je reste sur la 14e Avenue et j'ai honte de ma rue», déplore-t-elle. Selon elle, les arrondissements ont trop peu d'argent pour entretenir les artères. «C'est inconcevable qu'on laisse ces rues dans cet état, seulement en les colmatant de temps à autre.»

Elle souligne que son arrondissement prévoit consacrer 6,7 millions à ses infrastructures routières au cours des trois prochaines années. «Mais il en coûte 1,3 million pour asphalter 1 km de rue. On ne va pas loin avec ça.»

Moins connue sur la scène municipale, Hélène Dagenais estime que son implication communautaire lui vaut de nombreux appuis. Elle a également reçu cette semaine le soutien de l'ancien chef bloquiste Gilles Duceppe et de la députée de Rosemont, Louise Beaudoin.

Photo: Ninon Pednault, La Presse

Moins connue sur la scène municipale, Hélène Dagenais estime que son engagement communautaire lui vaut de nombreux appuis.

Érika Duchesne, Projet Montréal > Porter les dossiers des citoyens

Un développement «centré sur l'humain plutôt que sur la voiture», de nouvelles pistes cyclables et des parcs plus sûrs: la candidate de Projet Montréal, Érika Duchesne, propose d'être la «porteuse des dossiers des citoyens à l'arrondissement».

Traductrice, elle milite dans le parti de Richard Bergeron, où elle occupe la fonction de trésorière. Mme Duchesne affirme qu'elle a la «piqûre de la politique» depuis 2009. «Quand j'ai trouvé Projet Montréal, qui correspondait à mes valeurs, je me suis dit que j'allais commencer à militer. C'était clair pour tout le monde qu'en 2013, j'allais me présenter. Je remercie M. Lampron.»

L'ex-conseiller de Vision Montréal est l'exemple à ne pas suivre, estime-t-elle. «Il ne s'est presque rien passé dans le Vieux-Rosemont depuis deux ans. Quand l'élu n'est pas présent pour pousser les dossiers, encadrer les citoyens, ça n'avance pas. Moi, je vais être là à temps plein.»

Son avantage, c'est de pouvoir présenter un programme qui a toutes les chances d'être appliqué si elle est élue, puisque l'arrondissement est sous le contrôle de Projet Montréal. Elle affirme qu'elle ne ressent pas la méfiance des électeurs à l'égard des politiques appliquées dans l'arrondissement voisin, le Plateau-Mont-Royal.

«Mes adversaires en ont fait leur cheval de bataille, mais moi, je m'en fais très peu parler. Le contexte est extrêmement différent. On parle beaucoup des vignettes et du déneigement sur le Plateau, mais ces décisions ont été prises par une administration qui devait éponger un déficit.»

Le programme de Projet Montréal ne consiste pas à moins déneiger et à augmenter les vignettes, précise-t-elle: «C'est de faire de nos quartiers des milieux de vie.»

La voiture, a-t-elle déclaré d'entrée de jeu, a aussi sa place. Elle promet d'ailleurs un gel des tarifs de parcomètres à un dollar l'heure et l'augmentation de la durée maximale à trois heures.

Photo: André Pichette, La Presse

Érika Duchesne affirme qu'elle ne ressent pas la méfiance des électeurs à l'égard des politiques appliquées dans le Plateau, arrondissement voisin.

Michel Benoit, indépendant > L'homme aux 1000 questions

Il est une célébrité dans le milieu municipal de Montréal, même s'il est un parfait inconnu pour le grand public. Depuis plus de deux ans, Michel Benoit pilonne les élus de ses questions corsées, au conseil ou en commission, dénonçant les «gâchis», les «commissions secrètes» et les «faits troublants» qu'il affirme avoir découverts.

Cette fois, il est prêt à passer de l'autre côté du micro et se présente comme candidat indépendant dans le district Vieux-Rosemont.

Pourquoi les électeurs devraient-ils le choisir? «Parce que je me tiens debout, je ne suis pas un yes man, répond le comptable de formation. J'ai de l'expérience, je suis un comptable agréé et je le dis fort: on a sous-traité la Ville.»

Conseiller municipal au RCM de Jean Doré de 1986 à 1994, M. Benoit rappelle fièrement qu'il a voté contre le budget de son propre parti. À 56 ans, il se dit aujourd'hui en «préretraite» et consacre une vingtaine d'heures chaque semaine à ses recherches. Ses cibles préférées: l'argent investi dans BIXI et les «aberrations» du rôle d'évaluation, qu'il considère comme «contaminé». «On ne peut pas continuer comme ça, ça n'a pas d'allure.» Selon lui, on a systématiquement sous-évalué les édifices commerciaux, industriels et gouvernementaux... ainsi que les résidences de quelques privilégiés.

Sa campagne électorale, qu'il mène avec ardeur en cognant à «entre 100 et 300 portes par jour», lui coûtera environ 3000dollars pour ses dépliants et ses affiches. «C'est le minimum. Mes dépliants sont en noir et blanc. Disons qu'avec tous les triplex et les escaliers raides du district, je me suis mis pas mal en forme.»

Il affirme s'être lancé dans la campagne pour gagner. «Si j'étais simple citoyen et que je voyais ce que Michel Benoit fait depuis deux ans, je dirais: "Enfin, quelqu'un qui brasse la cage!"»

Photo: Marco Campanozzi, La Presse

L'argent investi dans BIXI et les «aberrations» du rôle d'évaluation, qu'il considère comme «contaminé», sont les cibles préférées de Michel Benoit.

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STATISTIQUES

Vieux-Rosemont / Montréal

Population 35 425 / 1 619 165

Revenus moyens 46 759$ / 51 842$

Logements 18 975 / 739 260

Proprios 28,1% / 34,4%

Locataires 72,0% / 65,5%

Immigrants 17,5% / 30,1%

Vieux-Rosemont / Montréal

Ménages 18 765 / 742 735

Personnes seules 45,9% / 39,6%

Couples sans enfant 20,2% / 20,8%

Couples avec enfants 15,5% / 22,2%

Fam. monoparentales 11,8% / 12,0%

Fam. avec enfants 27,3% / 34,2%

Moins de 15 ans 13,4% / 15,1%

Plus de 65 ans 12,2% / 15,2%

Résultats électoraux

Parti 2001 / 2005 / 2009

Union Montréal 26,31% / 46,22% / 23,75%

Projet Montréal* / 15,27% / 33,87%

Vision Montréal 66,15% / 38,50% / 42,38%

Participation 49,23% / 34,95% / 39,44%

*Projet Montréal a été fondé en 2004