Le nouveau contrôleur général de la Ville de Montréal vient de remettre à l'escouade Marteau, qui enquête sur la corruption et la collusion dans le milieu de la construction, un rapport qui fait état de la vente d'un immense terrain de Rivière-des-Prairies à un prix cinq fois moins élevé que celui payé par la Ville de Montréal il y a 20 ans, a appris l'équipe de l'émission Enquête de Radio-Canada.

Comme l'avait rapporté La Presse en mai 2010, la Ville a acquis, à la fin des années 80, des terrains d'une superficie de 2 millions de pieds carrés pour 7,7 millions de dollars et les a revendus, en 2009, pour 1,5 million au consortium Petra Saint-Luc, dirigé par Giuseppe Borsellino. Le vérificateur général de la Ville s'était d'ailleurs interrogé sur la transaction dans son rapport de 2010.

«Nos travaux de vérification ne nous ont pas démontré avec certitude que le montant de mise à prix correspondait à la valeur marchande», avait écrit le vérificateur général, Jacques Bergeron. Selon ses évaluations, la valeur des terrains aurait été trois fois plus élevée s'il avait été vendu en phases. Le vérificateur s'était aussi interrogé sur le processus de sélection de l'acheteur puisqu'un promoteur avec un meilleur pointage avait été écarté.

En 2010, le directeur général de la Ville, Louis Roquet, avait justifié le choix de la Ville par le total important de taxes généré par le projet immobilier présenté par le promoteur.

Selon le reportage de Radio-Canada diffusé mercredi, deux des terrains ont été vendus aux deux enfants de Pierre Santamaria, qui occupait à l'époque le poste de directeur général de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies. Ces derniers auraient économisé ensemble 200 000$ par rapport à l'évaluation municipale. Dans le reportage, Pierre Santamaria rétorque que Giuseppe Borsellino connaît ses enfants depuis leur naissance, il y a une quarantaine d'années.