Un viaduc ferroviaire en construction, dans l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, pourrait être remis en chantier dans cinq ou 10 ans parce qu'il ne compte pas assez de voies ferrées pour le projet du train de l'Ouest, prévu par l'Agence métropolitaine de transport (AMT).

L'AMT a estimé qu'il serait «prématuré» d'adapter immédiatement ce pont ferroviaire aux besoins de son projet de train de banlieue, qui pourrait voir le jour avant la fin de la décennie. Des études de conception et d'ingénierie préliminaires, commandées par Québec au coût de 22 millions, sont en cours depuis un an.

Le projet permettrait de tripler le nombre de départs quotidiens de la ligne de train de Vaudreuil-Hudson, entre la banlieue ouest de l'île et le centre-ville de Montréal. Pour ce faire, il faudra ajouter «une voie ferrée pour un total de quatre voies» sur le tronçon ferroviaire compris entre le centre-ville et la municipalité de Montréal-Ouest, selon un avis technique de l'AMT.

Or, le pont ferroviaire qui surplombe le boulevard Décarie, qui se trouve sur cette partie du tracé et dont la reconstruction devrait coûter plus de 16 millions, n'en comptera que... trois.

Prématuré

«Présentement, le pont a une capacité pour trois voies ferrées, mais il y en a seulement deux qui étaient en service. Après la reconstruction, il y aura trois voies ferrées en service», indique Brigitte Léonard, une porte-parole de l'AMT. L'Agence a fourni 800 000$ pour le projet.

Pour ce qui est d'une éventuelle quatrième voie, «plusieurs solutions seront examinées pour le viaduc Décarie dans le cadre des études en cours», explique la porte-parole.

«Il reste que ce viaduc-là - et c'est ce que les études devront déterminer - pourrait devenir comme un entonnoir, dit Mme Léonard. Il faudra voir, quand les études seront terminées, s'il est nécessaire de l'élargir ou non. Mais il aurait été prématuré de le faire maintenant, parce que la solution finale n'est pas connue.»

Projet de plus de 16 millions

C'est la Ville de Montréal qui finance la reconstruction de ce pont ferroviaire dans le cadre des travaux d'infrastructures liés à l'implantation du nouveau Centre universitaire de santé McGill (CUSM), sur le campus Glen, à proximité de la gare et de la station de métro Vendôme.

Le boulevard Décarie, principale porte d'accès au CUSM, sera élargi de trois à cinq voies de circulation d'ici 2014. Le viaduc ferroviaire qui le surplombe devra conséquemment être reconstruit. Il appartient au Canadien Pacifique (CP), mais il est surtout utilisé par les trains de voyageurs de Via Rail et de l'AMT.

Depuis plusieurs mois, le conseiller de Notre-Dame-de-Grâce, Peter McQueen, tire à boulets rouges sur la gestion des grands travaux au carrefour des boulevards de Maisonneuve et Décarie, et du chemin Upper Lachine.

En janvier dernier, dit-il, «j'ai pourtant demandé à un représentant de l'AMT lors d'une assemblée publique si leur projet de quatrième voie, c'était bien sérieux. Il m'a assuré que oui, c'est sérieux. Prévoir, est-ce que c'est prématuré, ça?»

À la Ville de Montréal, on reconnaît avoir été informé par l'AMT que le pont ferroviaire pourrait avoir besoin d'une quatrième voie, mais aucune demande n'a été faite en ce sens pendant la conception du projet.

Selon Philippe Sabourin, chargé de communications à la Ville de Montréal, près de 4 millions ont déjà été investis dans la reconstruction du viaduc Décarie pour l'aménagement de voies ferrées temporaires et la fabrication des structures d'acier du nouveau pont ferroviaire.

Le contrat de construction principal sera attribué dans les semaines à venir. Quatre entreprises ont répondu à un appel d'offres public de la Ville de Montréal. Les prix demandés pour la démolition du pont actuel, la construction du nouveau pont, la démolition de la voie ferrée temporaire et divers travaux d'infrastructures oscillent entre 12,7 et 14,3 millions.