Deux journalistes de La Presse ont été arrêtés en marge du saccage au bureau de circonscription de la ministre Line Beauchamp, vendredi matin.

Le journaliste de La Presse qui couvrait l'événement, Philippe Teisceira-Lessard, a été arrêté dans des bureaux de la ministre. Un peu plus loin, pendant que les manifestants tentaient de prendre la fuite, le caméraman Martin Chamberland a brusquement été projeté au sol et menotté par des policiers.

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Les journalistes de La Presse suivaient les protestataires depuis 7 h 30. Lorsqu'un groupe est entré dans l'immeuble du boulevard Henri-Bourassa Est, Philippe Tesceira-Lessard les a talonnés jusqu'au troisième étage.

Après cinq minutes, les casseurs sont ressortis du bureau de la ministre. Le journaliste, qui était resté à l'écart dans le couloir, en a profité pour franchir une des deux portes qui avaient été forcées pour prendre quelques clichés. Mais la porte magnétique s'est refermée et verrouillée derrière lui.

Des policiers sont arrivés à peine quelques secondes plus tard et ont sommé le journaliste de s'identifier. Bien qu'il leur ait présenté sa carte de presse, les policiers l'ont mis en état d'arrestation et ont saisi son téléphone cellulaire.

«Quand le policier a parlé de méfaits, de vols et d'entrée par effraction, j'étais sous le choc par ces mots-là qui sonnent fort. Ce n'est pas de petits chefs d'accusation», raconte Philippe Tesceira-Lessard, qui se porte bien malgré les événements.

Quelques minutes plus tard et une quinzaine de coins de rue plus loin, les policiers ont ordonné à un groupe de manifestants de se disperser. Avant même que le caméraman de La Presse ne puisse obéir, sa tête se heurtait contre un véhicule garé juste derrière lui.

«Le policier m'a poussé. Ma caméra est tombée au sol. Il m'a pris par le collet et m'a projeté par terre. Il a mis son genou et tout son poids dans mon dos», explique Martin Chamberland, encore ébranlé.

Les deux journalistes ont été amenés dans un poste de police, et leurs téléphones ainsi que la caméra ont été saisis. Un peu après midi, ils ont finalement été identifiés et libérés. Ce n'est toutefois qu'en fin d'après-midi qu'ils ont pu récupérer leur matériel et qu'ils ont été libérés de toute accusation.



«Un rôle essentiel»

Le vice-président à l'information de La Presse s'est dit préoccupé par l'arrestation de deux reporters.

«Les journalistes sont là pour rapporter ce qui se passe au cours d'événements importants comme les manifestations étudiantes. Ils sont là pour relater ce que les manifestants vont scander, s'il y a des casseurs et pour rapporter si la police fait bien ou moins bien son travail», affirme Éric Trottier.

«Chaque fois que des policiers arrêtent des journalistes dans le cadre de leur travail ou qu'ils leur font entrave, notamment en confisquant leur matériel journalistique, ils montrent qu'ils ne comprennent pas le rôle essentiel des journalistes dans une société démocratique.»

- Avec Francis Vailles

Photo tirée de Facebook

Philippe Teisceira-Lessard