Québec redonne à Montréal l'hippodrome que la Ville lui a vendu il y a 14 ans.

Les courses de chevaux étant résolument hors piste, la métropole souhaite maintenant faire de ce secteur l'«un des quartiers les plus attrayants en Amérique du Nord» en y faisant construire de 5000 à 8000 logements.

Le ministre des Finances, Raymond Bachand, a annoncé hier que les terrains achetés par le gouvernement en 1998 pour 37 millions de dollars seront cédés gratuitement à la Ville de Montréal. L'administration municipale s'est toutefois engagée à partager en parts égales avec Québec les revenus tirés de la revente du site aux promoteurs immobiliers.

L'administration Tremblay compte en effet faire pousser un tout nouveau quartier résidentiel sur cet espace grand comme 80 terrains de football, soit plus étendu que le parc La Fontaine. Afin d'éviter de nuire aux projets immobiliers déjà en cours dans le secteur, Montréal mettra cinq ans à préparer le terrain. Un concours international de design sera lancé pour en concevoir les grandes lignes, et des consultations publiques seront organisées avant la mise en vente, prévue pour 2017.

Raymond Bachand évalue que les profits de la revente du terrain par la Ville devraient permettre de récupérer les quelque 50 millions que le gouvernement y a investis depuis son achat, en 1998. La valeur du terrain est actuellement estimée à 21,7 millions, mais le ministre des Finances croit que sa vente pour un lotissement immobilier pourrait rapporter d'ici 2025 au moins 100 millions. Et même probablement plus de 125 millions, a-t-il avancé prudemment.

Le président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Michael Applebaum, qui a fait carrière dans l'immobilier, a expliqué que la valeur des terrains augmentera au fur et à mesure que ceux-ci seront développés. Un promoteur aurait récemment offert au gouvernement 25 millions pour acquérir le quart du site, mais Raymond Bachand a jugé qu'il n'aurait pas fait «la meilleure affaire».

La vente de l'hippodrome enlève également une épine dans le pied du gouvernement, qui devait payer à la Ville 3 millions par année en taxes municipales. Cette entente met ainsi fin à «l'hémorragie», a affirmé le ministre Bachand.

Montréal devra payer les coûts de décontamination du sol. On ne s'attend toutefois pas à de mauvaises surprises, ces anciennes terres agricoles ayant accueilli des courses de chevaux depuis 1907, jusqu'à la fermeture de l'hippodrome en 2009. Depuis, l'endroit est pratiquement inutilisé, à l'exception des spectacles que le groupe U2 y a tenus l'été dernier.

L'administration Tremblay souhaite faire de ce nouveau quartier un exemple de développement durable, même si on s'est gardé de parler pour l'instant d'un écoquartier. Le maire a assuré que le projet prévoira 15% de logements sociaux et 15% de logements abordables. Montréal tient également à faire une place aux familles avec des logements de trois chambres. La Ville compte miser sur le transport en commun pour attirer les résidants dans ce secteur enclavé dans des voies ferrées et l'autoroute Décarie.

L'hippodrome représente un dossier épineux pour Montréal et le gouvernement depuis plus de 20 ans, alors que les courses de chevaux ont connu une lente agonie. Montréal avait acheté les terrains de Blue Bonnets en 1991 pour 46 millions à l'homme d'affaires Robert Campeau, pour les revendre au gouvernement en 1998. En les retournant à la métropole, le gouvernement annonce du même souffle qu'il dissout la Société nationale du cheval de course, créée pour gérer les hippodromes québécois. Sa dette, évaluée à 50 millions de dollars, sera absorbée par le gouvernement.

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Hippodrome: 43,5 hectares. En comparaison, le parc La Fontaine à Montréal a une superficie de 34 hectares.