Soixante-cinq employés de firmes privées, principalement de génie-conseil, travaillent à même les bureaux de la Ville de Montréal. L'administration Tremblay défend cette pratique, en assurant que ceux-ci sont étroitement surveillés pour éviter que leur entreprise en tire avantage lorsque vient le temps de décrocher des contrats.

Le contrôleur général de Montréal, Alain Bond, a lancé une vérification après une sortie, au début du mois de février, de la chef de l'opposition, Louise Harel, qui a accusé le privé d'avoir fait «mainmise» sur la Ville. Le rapport déposé mercredi conclut que «les mandats professionnels confiés à des firmes externes et dont les représentants oeuvrent dans les locaux de la Ville sont, somme toute, limités». Ceux-ci représentent moins de 3% des 2292 professionnels municipaux.

Des 65 employés provenant du privé, 40 travaillent pour 5 firmes de génie-conseil. Ceux-ci ont été intégrés à deux directions responsables de la gestion de l'eau potable, où des centaines de millions doivent être dépensés au cours des prochaines années.

Loin de condamner la pratique, Alain Bond y voit une «bonne gestion» lorsque le mandat confié au privé «ne fait pas partie des opérations régulières» ou pour de courtes périodes ne justifiant pas d'embauche à long terme. Seule mise en garde, celui-ci demande que la Ville s'assure que ces employés du privé soient encadrés comme le seraient les employés de la Ville.

Le président du comité exécutif, Michael Applebaum, assure que ceux-ci sont suivis de près. «Leur rôle est précis, très clair et ils sont suivis, a-t-il indiqué lors d'un point de presse jeudi. Si vous avez accès à notre système informatique, ça ne veut pas dire que vous avez accès à tout. C'est juste dans le domaine où vous travaillez.»

L'élu estime que ces embauches temporaires sont plus économiques. «Si on fait un projet sur 5 ou 10 ans et qu'on embauche du personnel, après, on va être pognés pour leur payer leur salaire et leurs avantages sociaux.»

Harel persiste

Mais voilà, Louise Harel juge que certains projets actuellement confiés au privé ne répondent pas à ces critères. «De la location de personnel pour un laps de temps court, c'est raisonnable. Mais quand on met en branle un processus pour rénover tout le réseau des arénas sur une décennie, le mot "temporaire" ne s'applique plus.»

La chef de l'opposition voit dans la réponse du contrôleur à ses inquiétudes un «virage majeur en matière d'imputabilité». Alain Bond trouve en effet justifié que les employés du privé rédigent des sommaires décisionnels, ces documents sur lesquels les élus se basent pour voter des dépenses. La direction générale avait pourtant tranché que les chefs de projet devaient être des employés de la Ville pour assurer le respect de toutes les règles.

Le rapport du contrôleur réfute par ailleurs les allégations de Louise Harel qui avait accusé une de ces firmes, Macogep, d'avoir usurpé l'identité d'un employé pour faire adopter des dépenses de plusieurs millions. Mme Harel s'est excusée après avoir été mise en demeure de se rétracter par l'entreprise.