Dans une décision qualifiée d'«historique» par le ministre Laurent Lessard, et que le maire de Montréal résume comme l'«acte fondateur de la Communauté métropolitaine de Montréal» (CMM), Québec a annoncé lundi avoir donné le feu vert au premier Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD).

Ce plan, qui a fait l'objet de vastes consultations l'automne dernier, vise essentiellement à encadrer le développement pour les deux prochaines décennies, alors qu'on prévoit accueillir 320 000 ménages dans la grande région de Montréal.

«Une page d'histoire s'écrit aujourd'hui. On a maintenant la responsabilité de la faire vivre, a déclaré le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard. C'est une démarche de maturité.»

Le maire de Montréal et président de la CMM, Gérald Tremblay, a martelé qu'il s'agissait d'une preuve inédite de l'unité des 82 municipalités de la région métropolitaine. «On ne fait pas un débat de structures, on règle les problèmes. On s'est entendus sur les grandes orientations. Mais c'est vrai qu'il reste du travail à faire.»

L'adoption du PMAD en décembre dernier est «un des plus beaux exemples de démocratie participative», estime-t-il. C'est un plan qui répond aux vrais besoins des citoyens.»

Des éléments à déterminer

Québec a officiellement lancé lundi un avis de conformité, assurant ainsi que le PMAD respectait les orientations gouvernementales. Dans une lettre envoyée au maire Tremblay, le ministre Lessard a cependant noté qu'il restait «certains éléments à prendre en compte ou à bonifier». Il s'agit essentiellement de détails techniques qui ne remettent pas en cause les grandes orientations. Il estime par exemple que les cotes de crues de certaines zones inondables, le réseau artériel métropolitain et le potentiel de développement des zones agricoles devraient être mieux identifiés. Il recommande en outre de resserrer les mesures de protection des milieux naturels.

Les municipalités régionales de comté et les agglomérations de la CMM devront adopter, d'ici deux ans, des «règlements de concordance» pour appliquer concrètement le PMAD sur leur territoire. Chacune des 82 municipalités aura ensuite six mois pour réviser sa réglementation d'urbanisme.

Tout cet exercice sera suivi de près par une nouvelle instance, l'«Agora métropolitaine», qui réunira tous les deux ans huit élus et huit représentants de la société civile.

À la quasi-unanimité

Adopté en décembre dernier après une consultation «sans précédent» selon la CMM, avec 344 mémoires déposés, le PMAD propose essentiellement de s'attaquer à l'étalement urbain. Les aires protégées passeront de 12 à 17% du territoire de la grande région métropolitaine, et le gel de la zone agricole sera maintenu, sauf pour des projets créateurs d'emplois répondant à des critères précis.

Le plan insiste sur l'obligation de construire 40% des nouveaux logements dans des zones desservies par les transports en commun. Il a été accueilli avec enthousiasme par de nombreux groupes, de la chambre de commerce du Montréal métropolitain aux groupes écologistes.

Il s'agit d'une première pour la CMM, organisme peu connu du grand public créé dans la foulée des fusions municipales, en 2001.

Lors du vote, un seul maire s'est opposé au PMAD, celui de Vaudreuil-Dorion, Guy Pilon. Farouche détracteur du maintien du gel des zones agricoles, le maire de Mirabel, Hubert Meilleur, a également soutenu que ce plan d'aménagement «va avoir pour effet de paralyser le développement sur la couronne nord».

Questionné à ce sujet, le maire Tremblay s'est emporté. «C'est une bonne nouvelle. N'essayez pas de semer la zizanie. Nous sommes unis, et nous parlons aujourd'hui d'une seule voix.»

La région métropolitaine, a noté le ministre Lessard, a devancé celle de Québec dans l'adoption de son plan d'aménagement. «Pour une des premières fois, Montréal aura quelque chose avant Québec», a-t-il lancé à la blague au maire Tremblay.