Montréal installera une centaine de caméras dans ses rues afin de réduire la congestion routière. La Ville assure que ses citoyens n'ont pas à craindre l'arrivée de Big Brother, des règles strictes devant protéger leur vie privée.

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L'administration Tremblay a lancé voilà un peu plus d'un an un projet pour doter Montréal d'un «système de transport intelligent», à l'instar de Toronto et Ottawa. Mercredi, le comité exécutif a confirmé l'achat pour 1,5 million des 100 premiers appareils, sur les 500 prévus, à la firme lavaloise Néolect Le Saux. Ils seront installés sur une période de trois ans à partir de mai.

Cette toile de caméras tissée au-dessus de la ville servira avant tout à améliorer la fluidité de la circulation, a indiqué le directeur des transports, Claude Carette. Les images captées seront envoyées à un Centre de gestion de la mobilité urbaine d'où les responsables pourront contrôler les feux de circulation pour désengorger les principales rues de Montréal. Quelques 800 des 2200 feux sur l'île ont été mis à jour et la majorité peut désormais être commandée à distance. «À la sortie du Centre Bell, par exemple, ça va nous permettre d'ajuster les feux de circulation simplement en appuyant un bouton.»

Alors que Montréal a dû composer tout au long de la semaine avec des manifestations étudiantes, un tel système pourrait-il servir aux policiers pour suivre à la trace les manifestants? «Présentement, il n'y a pas d'entente entre nous et le SPVM pour utiliser ces images», répond M. Carette.

Dans un document destiné aux élus pour justifier cet achat, la Ville précise toutefois que les caméras pourront éventuellement «être accessibles au centre de sécurité civile qui pourra s'en servir à des fins de sécurité publique lors d'événements spéciaux». On y précise que le projet piloté par la direction des transports a également été développé «pour répondre aux besoins» des policiers, des pompiers et de la Société de transport de Montréal.

Respect de la vie privée

Claude Carette a tenu à assurer que la Ville respecterait la vie privée des citoyens. «Les caméras capteront des images, mais elles ne seront pas enregistrées», a-t-il indiqué. En fait, la dizaine d'employés qui surveilleront le système devront s'engager par écrit à respecter une série de règles strictes. Celles-ci s'apparentent aux normes du ministère des Transports, qui dispose déjà de centaines de caméras sur le réseau autoroutier québécois.  

Ce document consulté par La Presse précise que «les caméras de surveillance doivent être utilisées uniquement dans le cadre de la surveillance de l'état de la circulation ou pour détecter tout événement pouvant perturber le trafic». Elles ne pourront «jamais être orientées vers des lieux privés comme une résidence, les fenêtres d'un immeuble ou l'intérieur d'un véhicule». On y précise que les appareils ne pourront «jamais être utilisés pour faire de la filature»... sauf «exceptionnellement à la demande d'un corps policier».

Les caméras achetées pourront pivoter dans toutes les directions et seront munies de zooms. Au-delà de réduire la congestion, l'objectif de Montréal avec ce système est de réduire les accidents, en identifiant les dangers à l'avance. La métropole s'est fixé comme objectif de réduire de 40% les collisions corporelles d'ici 2018.

Les dix rues les plus surveillées

Sherbrooke: 12 caméras

Pie-IX: 7 caméras

René-Lévesque: 6 caméras

Notre-Dame: 6 caméras

Henri-Bourassa: 6 caméras

Parc: 6 caméras

Saint-Laurent: 5 caméras

Maisonneuve: 4 caméras

Papineau: 4 caméras

Côte-des-Neiges: 4 caméras