Un couple d'entrepreneurs en construction de la couronne nord a reconnu avoir financé illégalement Vision Montréal lors de la campagne électorale de 2009. Louise Harel assure avoir resserré les règles de financement depuis son arrivée tandis que l'administration Tremblay l'accuse de perpétuer de mauvaises pratiques.

Josée Veilleux et Simon Rodrigue ont reconnu avoir chacun offert 1000 dollars à Vision Montréal en juin 2009, soit le maximum permis par la loi. Mais voilà, le couple qui possède une entreprise de construction sur la couronne nord, Cymtech, n'habite pas la métropole. Ces résidants de Sainte-Thérèse n'étaient donc pas autorisés à faire de tels dons en vertu de la Loi sur les élections et référendums dans les municipalités.

Accusés par le Directeur général des élections (DGE) de financement illégal, ils ont chacun plaidé coupable et ont eu à payer une amende de 638dollars, soit le minimum prescrit par la loi.

L'histoire ne s'arrête pas là puisque la contribution du couple aurait été sollicitée lors d'une activité de financement du parti par un autre entrepreneur en construction de Laval, Frank Varano, selon le bureau du DGE. Vice-président pour la firme Construction Avicor, ce dernier nie toutefois les faits et a plaidé non coupable aux accusations du DGE selon lesquelles il aurait récolté des dons sans autorisation pour Vision Montréal. Sa cause doit être entendue le 28 mars au palais de justice de Montréal.

La chef de l'opposition, Louise Harel, souligne que les faits remontent au 12 juin, soit tout juste avant son arrivée à la tête de Vision Montréal. «Ces faits pourraient difficilement se reproduire avec les mesures que nous avons mises en place depuis», a-t-elle assuré en entrevue.

Son parti parle d'ailleurs de cas isolés puisqu'ils touchent deux donations sur les 700 reçues lors de la dernière campagne. Louise Harel déplore toutefois que les partis municipaux n'aient pas accès à la liste électorale annuelle, comme les partis provinciaux, ce qui complique leur tâche de vérification.

«Vision Montréal a une lourde histoire avec le financement. Ce parti récidive sur une base régulière, il ne respecte pas les règles», a déploré pour sa part Marvin Rotrand, leader de la majorité à l'hôtel de ville.

Celui-ci rappelle les 212 accusations déposées par le DGE à la suite de l'élection de 1994 à l'époque de l'ancien maire Pierre Bourque. Les difficultés de Vision Montréal avec le DGE ont même coûté tous les droits électoraux de sa conjointe, Francine Lambert, jusqu'en 2013. Elle avait également reçu une amende de 7530 dollars après avoir plaidé coupable à des accusations de manoeuvre électorale frauduleuse lors des élections municipales de 2005.

Marvin Rotrand estime que les deux récents plaidoyers viennent s'ajouter aux emprunts trop importants que les élus de Vision Montréal ont contractés lors de la campagne de 2009. Louise Harel avait reconnu en avril 2010 avoir cautionné un prêt de 240 000 dollars à son parti alors que le maximum permis par la Loi sur le financement des partis politiques est de 10 000 dollars par personne. De plus, 18 de ses élus sont également ciblés puisqu'ils s'étaient également portés garants de prêts de 20 000 dollars, deux fois la limite permise. Mme Harel et son parti avaient plaidé l'ignorance de cette disposition de la loi. Leur cause doit être entendue au palais de justice de Montréal, le 1er juin.