Le premier appel d'offres en sept mois lancé par l'Agence métropolitaine de transport (AMT) dans le cadre du projet de train de banlieue Montréal-Mascouche a été annulé par ordre du Conseil du Trésor lundi après-midi, seulement quatre jours après sa publication, a appris La Presse.

L'AMT, responsable du développement de ce projet dont les coûts ont explosé de 70%, l'an dernier, a dû annuler cet appel de soumissions pour la construction d'une gare et de voies ferrées, à Mascouche, parce que le comité de gérance qui encadre la poursuite du projet ne s'est pas encore réuni.

Selon les informations que La Presse a obtenues, le contrat majeur qui sera attribué pour la réalisation de ces travaux fait partie des éléments relevant des responsabilités de ce comité, qui compte deux experts indépendants de l'AMT, et qui devra appuyer les décisions à incidence financière jusqu'à la fin des travaux, prévue pour 2014.

Ce nouveau camouflet à la figure de l'Agence, qui relève du ministre des Transports, confirme la mise en tutelle de ce grand projet de transport en commun qui devait être mis en service en 2009, au coût de 300 millions de dollars. Le budget final, autorisé le 19 janvier dernier, prévoit maintenant une mise en service en 2014 après des investissements totaux de 671 millions.

Travaux de 40 millions

Cet appel d'offres est apparu dans le système électronique d'appel d'offres (SEAO) le 2 février dernier. Il concernait la construction d'un édicule, la construction et l'asphaltage du stationnement incitatif et des travaux d'infrastructures d'envergure, notamment des voies de garage pour la circulation des trains, au bout de la voie, à Mascouche.

Le chemin de fer qui passe à Mascouche est la propriété du Canadien Pacifique (CP). Bien qu'il ne soit pas très fréquenté, l'implantation d'un train de banlieue sur une partie de la voie entraînera la construction d'une nouvelle voie de détour, pour permettre le passage de trains de marchandises, sans que les mouvements des uns n'entravent la circulation des autres.

Le coût pour l'ensemble de ces travaux a été estimé à plus de 40 millions, selon des informations que La Presse a obtenues. Il s'agit de l'un des plus importants contrats uniques qu'il reste à attribuer dans le cadre de la mise sur pied du train de l'Est. Il s'agit aussi de travaux dont la réalisation aura le plus grand impact sur l'échéancier du projet.

Tutelle

Dans un «dossier d'affaires final» déposé au gouvernement du Québec, en décembre dernier, Infrastructure Québec a recommandé plusieurs modifications majeures à ce projet en particulier, afin de raccourcir son échéancier de quatre mois et d'en réduire les coûts de 8 millions.

Infrastructure Québec a également recommandé de réduire de 821 à 500 le nombre des places de stationnement prévues par l'AMT autour de la gare.

C'est aussi ce rapport qui a recommandé au gouvernement de resserrer la gestion de ce projet en créant un «comité de gérance» ou «comité d'audit», formé de représentants de l'AMT, du ministère des Transports du Québec et d'Infrastructure Québec appuyés par deux experts indépendants de l'AMT.

Ce rapport a été commandé à Infrastructure Québec en juillet 2011 par le Conseil du Trésor après que l'AMT eut adressé une demande d'augmentation de budget qui aurait fait passer le coût de son projet de 478 à 663 millions. Au moment de son annonce initiale, en 2006, le train de l'Est devait coûter 300 millions.

En janvier dernier, la présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne, a affirmé à La Presse que le gouvernement n'était pas satisfait de la gestion du projet faite par l'AMT, et a assuré que les recommandations d'Infrastructure Québec seraient mises en oeuvre.

Le président de l'AMT, Joël Gauthier, a présenté sa démission deux jours plus tard.

Le 19 janvier, le gouvernement du Québec a adopté un budget final de 671 millions pour ce train de banlieue de 51 kilomètres, qui transportera 5500 passagers, le matin et le soir. Sa mise en service n'est toutefois plus prévue avant 2014.

L'appel d'offres pour la gare de Mascouche que l'AMT a lancé il y a une semaine était le premier depuis la suspension du projet par Québec, le 7 juillet dernier. Le système SEAO indique qu'il a été annulé le 6 février, à 17h41.