L'explosion des coûts et la gestion erratique du projet de train Montréal-Mascouche, révélées cette semaine par La Presse, ont provoqué des réactions diamétralement opposées, hier, chez les élus montréalais. Alors que le maire de Montréal, Gérald Tremblay, s'est réjoui de la prise en main de ce chantier par le gouvernement du Québec, le chef de la seconde opposition au conseil municipal, Richard Bergeron, a qualifié le train de l'Est de «pire projet de transport jamais réalisé dans la région de Montréal».

À Québec, Nicolas Girard, député de Gouin et critique du Parti québécois en matière de transports, a pour sa part demandé des comptes «aux quatre ministres des Transports qui se sont succédé au gouvernement depuis le lancement de ce projet et qui n'ont apparemment rien vu. M. Desprès, Mme Boulet, M. Hamad, M. Moreau, ils étaient où pendant que les coûts de ce projet explosaient?»

«Encore une fois, dit M. Girard, on a le sentiment que, dans ce gouvernement, personne n'est responsable de rien. C'est un fiasco d'un bout à l'autre et, encore une fois, ce sont les contribuables et les usagers des transports en commun qui vont en payer le prix.»

Pour sa part, le maire de Montréal déplore l'augmentation des coûts, qui sont passés de 300 à 671 millions de dollars, et le report de la mise en service du train. Mais il estime que la décision de la ministre Michelle Courchesne, annoncée hier dans La Presse, est «une bonne nouvelle».

«Ça fait tellement longtemps qu'on parle du train de l'Est et qu'on est toujours en train de réévaluer, de demander combien ça va coûter, etc. Malgré les délais, je félicite la ministre d'avoir pris la décision dans le meilleur intérêt de la communauté métropolitaine de Montréal. Le fait que la ministre sorte de façon très claire pour assurer que le projet va se réaliser, je crois que c'est une excellente nouvelle.»

Le train de l'Est, une ligne de 51 km, desservira Mascouche, Terrebonne et Repentigny. Il prévoit 10 gares sur le territoire de Montréal, entre Rivière-des-Prairies et la gare Centrale, au centre-ville. Annoncé en 2006, il devait se réaliser en deux ou trois ans au coût de 300 millions de dollars.

Après un examen minutieux des coûts et échéanciers, la société Infrastructure Québec a estimé que les coûts pourraient atteindre 715 millions. La ministre Michelle Courchesne a révélé à La Presse, hier, que des coupes de 44 millions ont été exigées de l'AMT pour ramener le coût estimé à 671 millions.

Pour la banlieue, dit Richard Bergeron

Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, estime que le train de l'Est, malgré les 10 gares prévues en territoire montréalais, a été pensé en fonction de la banlieue, «plus payante sur le plan électoral». Il croit que la confirmation du projet par Mme Courchesne n'est qu'une preuve de plus que le gouvernement du Québec «se fiche de Montréal» et qu'il n'en a que pour les électeurs de la banlieue.

Il fait remarquer que, depuis l'ouverture de la station de métro Université-de-Montréal, en 1988, il y a près de 24 ans, Québec a dépensé plus de 3 milliards pour desservir la banlieue, où l'usage des transports en commun demeure marginal, et qu'il n'a pas mis un sou dans les modes lourds de transport pour les Montréalais, qui les utilisent en masse.

«On va mettre 700 millions pour le train, 300 millions pour des locomotives bimodes et 200 millions pour améliorer la sécurité du tunnel du mont Royal, où le train doit passer. Ça fait un total de 1,2 milliard dans un service qui va attirer 11 000 passagers par jour, soit l'équivalent d'une petite ligne d'autobus de la Société de transport de Montréal. Il faut arrêter cette folie-là tout de suite.»