La décision du ministère des Transports de fermer le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine a mis à dure épreuve les nerfs des automobilistes, hier. Certains ont dû patienter deux heures dans des bouchons de circulation pour franchir moins de quatre kilomètres. Ce scénario catastrophique risque fort de se répéter vendredi.

«C'est la première fois que je vois autant de trafic pour sortir de l'île», raconte Véronique Bergeron. À la fin de sa journée de travail, la mère de famille met habituellement 20 minutes à sortir de l'île de Montréal. Jeudi, elle patientait dans sa voiture depuis deux heures et elle était toujours prise dans la congestion routière de l'avenue Papineau.

«Je regarde les minutes filer parce que je dois aller chercher mes enfants à la garderie. Ça va coûter 5$ à chaque tranche de 5 minutes de retard», dit-elle, désemparée. À 48 heures du réveillon de Noël, Mme Bergeron avait d'autres soucis que celui d'être prise dans son véhicule.

Sécurité

Les automobilistes qui tentaient de quitter Montréal, jeudi, pour se rendre sur la Rive-Sud ont vécu un réel cauchemar. Plusieurs se questionnaient sur la sécurité des routes au Québec. D'autres critiquaient durement le gouvernement qui a annoncé, avec seulement six heures de préavis, la fermeture du tunnel.

Le ministre des Transports, Pierre Moreau, affirme être au courant de la frustration ressentie par les automobilistes. Il assure que sa décision n'a pas été prise sur un coup de tête et qu'il l'a prise pour assurer leur sécurité. «Je suis conscient de la grogne sur le terrain, mais il faut aussi être conscient de ce qui serait arrivé si on n'avait pas fermé et qu'il était arrivé un incident», explique-t-il.

Vu la dégradation de certains paralumes, le ministre a exigé qu'ils soient enlevés le plus rapidement possible. Il a ainsi écarté la possibilité d'exécuter les travaux durant la nuit, parce qu'ils auraient duré beaucoup trop longtemps, affirme-t-il.

M. Moreau assure que les routes du Québec sont sûres. «Si nos routes n'étaient pas sécuritaires, elles seraient fermées. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de fermer le tunnel», dit-il.

Le maire en colère

De son côté, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, ne mâchait pas ses mots en parlant du manque de planification du ministère des Transports. Lui-même a été pris dans un bouchon de circulation jeudi après-midi. Un trajet qui lui prend généralement 10 minutes a été prolongé d'une heure.

«Je ne peux pas croire que le ministre a appris ça à 17h30 en soirée [mercredi]. Surtout que ce n'est pas la première fois. On a des problèmes avec le pont Mercier. Quand ce n'est pas le pont Mercier, c'est Turcot. Quand ce n'est pas Turcot, c'est l'échangeur Bonaventure. Quand ce n'est pas Bonaventure, ce sont les paralumes du tunnel Viger. Et là, c'est au tour du tunnel Louis-Hippolyte La Fontaine. C'est un manque de respect pour les Montréalais et pour la métropole, ça cause des préjudices sérieux», a-t-il dit.

M. Tremblay était en colère parce qu'on ne l'avait pas prévenu plus tôt de la fermeture du tunnel. «Si on l'avait su tôt le matin, on aurait pu informer les automobilistes et leur dire de prendre les transports en commun ou de faire du covoiturage. On aurait pu les prévenir que la circulation allait être très difficile.»

Un effet d'entonnoir

En moyenne, 5000 véhicules à l'heure circulent, en direction sud, dans le tunnel. Jeudi, les automobilistes dont c'est l'itinéraire habituel ont dû opter pour d'autres trajets. L'avenue Souligny, qui permet d'accéder au centre-ville à partir de l'autoroute 25, a été encombrée à certains moments par un bouchon d'environ 3 kilomètres. Les routes d'accès pour le pont Jacques-Cartier ont été bloquées presque toute la journée. La circulation pour se rendre vers le pont Victoria restait un peu plus fluide. À Longueuil, la route 132 a aussi été congestionnée.

Le Service de police de la Ville de Montréal a déployé une trentaine de policiers à des intersections «stratégiques» pour tenter d'améliorer le flot de circulation. «Les conducteurs convergent tous vers le même point, le pont Jacques-Cartier ou le pont Champlain. Ça crée un effet d'entonnoir; on se retrouve avec un bouchon et il n'y a pas de solution magique pour éviter ce bouchon», a commenté Yannick Ouimet, porte-parole du SPVM.

Rappelons que le ministère des Transports a diffusé un communiqué, mercredi à 17h30, pour annoncer la fermeture du tunnel. Les paralumes doivent être enlevés d'urgence à cause de leur état de dégradation. Le tunnel devrait rouvrir juste à temps pour Noël.

- Avec la collaboration de Vincent Larouche

Photo: Édouard Plante-Fréchette, La Presse

La chaussée glissante a causé un accrochage, mercredi, sur la rue Sainte-Catherine, à Montréal.