La conversion à l'énergie électrique de la ligne de train de banlieue Mascouche-Montréal, mieux connue sous le nom de train de l'Est, pourrait coûter jusqu'à 244 millions, selon un rapport synthèse du grand projet d'électrification du réseau de l'Agence métropolitaine de transport (AMT), que La Presse a obtenu.

Les coûts de réalisation de ce projet de train de banlieue de 51 kilomètres, entre la banlieue nord-est et le centre-ville de Montréal, devraient donc frôler le milliard, pour se conformer aux recommandations du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) qui souhaitait «une électrification intégrale du train de l'Est, de préférence dès sa mise en service».

En 2010, le gouvernement du Québec a choisi d'ignorer cette recommandation qui aurait entraîné des retards de plusieurs années dans la mise en service de ce nouveau train de banlieue de l'AMT, alors prévue pour 2012. La progression du projet a toutefois été freinée par le Conseil du Trésor en juillet dernier, en raison d'une augmentation fulgurante des coûts.

À l'origine, le budget autorisé par Québec pour la réalisation du projet était de 390 millions. En janvier dernier, de nouvelles études évaluaient le coût du train de l'Est à 665 millions environ, une hausse de 70% par rapport aux prévisions de départ.

Depuis l'été dernier, l'AMT ne peut plus donner de nouveaux contrats ou lancer de nouveaux appels d'offres relatifs au train de l'Est. La société d'État Infrastructure Québec fait une revue complète du projet, dont les conclusions devraient être acheminées au Conseil du Trésor prochainement. Déjà, les rumeurs font état de nouvelles augmentations des coûts, à un peu plus de 700 millions, et ce, sans l'électrification de la ligne.

En ajoutant les investissements nécessaires à son électrification, un train électrique circulant entre Mascouche et Montréal pourrait coûter, au total, de 950 millions à 1 milliard de dollars.

Pas pour demain

Ces grands chantiers ne sont toutefois pas pour demain. Bien qu'aucun échéancier précis ne soit proposé dans le document, les consultants estiment que l'électrification des lignes de train de banlieue de Vaudreuil-Hudson et Blainville-Saint-Jérôme devrait avoir préséance sur le futur train de l'Est en raison de leur ratio avantages-coûts beaucoup plus favorable.

Même si les installations nécessaires pour l'alimentation électrique des locomotives roulant sur les 43 kilomètres de la ligne de Vaudreuil-Hudson seraient encore plus chères - de 329 millions - que celles du train de l'Est, le rapport estime que les bénéfices seraient «quatre fois supérieurs aux coûts» prévus.

L'électrification de la ligne de Blainville, entre Saint-Jérôme et la gare de l'avenue du Parc, à Montréal, coûterait moins cher (171,6 millions) pour la même distance de 43 kilomètres. Les avantages seraient toutefois moins importants, parce que cette ligne n'offre pas autant de départs quotidiens que celle de Vaudreuil. L'opération serait tout de même rentable, avec un ratio avantages-coûts de 1,22. Cela représente des bénéfices mesurables de 1,22$ pour chaque dollar dépensé.

En comparaison, l'électrification du train de l'Est ne rapporterait qu'environ 0,50$ pour chaque dollar investi dans l'électrification de la ligne.

Le projet aurait un avantage majeur pour les 11 000 usagers quotidiens que l'AMT prévoit attirer vers le train de l'Est. Les nouvelles locomotives hybrides, fonctionnant au diesel ou à l'électricité, sont plus performantes en mode électrique. L'électrification de la ligne permettrait donc un gain de temps de 10%, soit environ 6,5 minutes sur le trajet de 65 minutes entre Mascouche et Montréal.

Projet-pilote

Étant donné «la part de risque inhérente à un projet de cette envergure et de cette nature», indique le rapport, «il pourrait être justifié d'avancer dans le cadre d'un projet-pilote». En adoptant une telle approche, c'est la ligne Blainville-Saint-Jérôme qui devrait être privilégiée en premier, en raison du «faible coût et du niveau de complexité relativement peu élevé» des travaux nécessaires à sa conversion à l'électricité.

«Dans cette logique, concluent les consultants, Blainville-Saint-Jérôme pourrait être réalisée avant la ligne de Vaudreuil-Hudson et l'expérience acquise au passage servirait pour l'ensemble du projet.»

Le train de l'Est pourrait être électrifié ensuite, de préférence aux deux lignes de train de la Rive-Sud, Mont-Saint-Hilaire et Candiac. En raison des travaux majeurs qui seraient nécessaires sur les ponts ferroviaires qui permettent à ces deux trains d'entrer dans l'île de Montréal, «ces lignes accusent un déficit marqué par des avantages très en deçà des coûts de projet».

Le coût total pour l'électrification du réseau des trains de banlieue de l'AMT est estimé à entre 1,23 et 1,57 milliard.