Après un débat vigoureux et malgré l'opposition initiale de plusieurs villes de banlieue, la région de Montréal va s'attaquer à l'étalement urbain.

Le conseil de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a adopté jeudi le Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD).

Le maire de Montréal et président de la CMM, Gérald Tremblay, a salué l'adoption du plan, qui survient après 10 ans de travail, dit-il. «Maintenant, le défi est dans la mise en oeuvre», dit-il.

La version définitive du plan reprend le projet de «trame verte et bleue» qui inclut les principaux milieux naturels et cours d'eau de la région dans un vaste plan de conservation. Il augmente même l'objectif d'aires protégées de 12% à 17% du territoire.

Grande satisfaction des citoyens et écologistes

C'était la principale revendication des citoyens et des groupes écologistes pendant les consultations. «C'est extraordinaire que la trame verte et bleue soit incluse avec ce pourcentage de 17%, dit Tommy Montpetit, des Partenaires du parc écologique de l'Archipel de Montréal. C'est le résultat des efforts de la société civile et des groupes environnementaux et aussi du travail extraordinaire de la CMM. C'est une percée historique et majeure du point de vue environnemental pour la région.»

Le PMAD propose de conserver toutes les zones boisées restantes de la région, étant donné qu'il en reste moins de 20%. Il propose même de reboiser pour atteindre 30% de couvert forestier et de remettre en culture des terres agricoles laissées en friche.

Le PMAD constate qu'il y a suffisamment de terrain constructible pour répondre à tous les besoins d'ici à 2031. Le principe du gel de la zone agricole est donc maintenu, mais il pourrait y avoir des exceptions pour des projets créateurs d'emplois répondant à des critères précis, affirme la mairesse de Repentigny, Chantal Deschamps.

«Le périmètre d'urbanisation existe toujours, mais on reconnaît la particularité des secteurs, dit-elle. Par exemple, dans les MRC qui n'ont plus d'espace pour attirer les entreprises, s'il y a un projet sérieux, il ne sera pas rejeté d'emblée.»

«On reconnaît le polycentrisme, a déclaré le maire de Terrebonne, Jean-Marc Robitaille. Des emplois, on peut en créer partout et les déplacements à l'heure de pointe peuvent se faire dans les deux sens.»

Ces derniers ajustements ont permis d'emporter l'adhésion de la couronne nord au PMAD avec un «enthousiasme modéré», selon l'expression de Paul Larocque, maire de Bois-des-Filion.

La version définitive du PMAD maintient l'exigence de créer 40% des nouveaux logements dans des zones desservies par les transports collectifs. Cette proportion pourrait même passer à 60% si de nouveaux projets de transport le permettent.

De tels projets devront se situer à proximité d'une station de métro ou de train de banlieue et devront répondre à des critères précis de densité. Par exception, ils pourraient justifier un changement de zonage.

Une seule voix discordante

Il n'y a eu qu'une seule opposition lors du vote, celle de Guy Pilon, maire de Vaudreuil-Dorion, qui, aux termes du PMAD, devra renoncer à son projet de pôle institutionnel en zone agricole.

Ce projet aurait signifié le dézonage de 640 hectares de forêt, une forêt qui figure maintenant dans la ceinture verte. La MRC de Vaudreuil-Soulanges devra donc trouver un autre terrain pour un projet d'hôpital régional. «Ça va nous forcer à éparpiller nos institutions un peu partout», a déploré M. Pilon.

Il reste des maires farouchement opposés au PMAD. «Pour moi, c'est une embûche de plus, dit Hubert Meilleur, maire de Mirabel. Je crois que ça va avoir pour effet de paralyser le développement sur la couronne nord.»

L'adoption du Plan a été saluée par de nombreux groupes. La chambre de commerce du Montréal métropolitain a affirmé que «l'adoption du PMAD à la quasi-unanimité est un haut fait d'armes». Le document «pourrait s'avérer un puissant outil de développement économique», selon Michel Leblanc, président et chef de la direction de la chambre.

Pour le conseil régional de l'environnement de Montréal, le PMAD «permettra à la région d'avoir une base pour construire la métropole durable de demain, mais devra être absolument bonifié bien avant 2031 pour véritablement y parvenir».

Le PMAD doit maintenant être approuvé par Québec.