Le pont Jacques-Cartier a eu 80 ans en 2010. Il est en bonne santé pour un ouvrage de sa taille et de son âge. Son squelette d'acier tient le coup, mais, par endroits, il n'a plus sa solidité d'antan. Le temps et la rouille ont fait leur oeuvre. Ses piliers de béton sont massifs et solides, mais fissurés en surface, et de grands travaux devront être réalisés pour les consolider, à moyen et à long terme.

En mai dernier, La Presse révélait les grandes lignes d'un programme d'entretien de cinq ans de la Société des ponts fédéraux prévoyant des travaux correctifs estimés à 124 millions d'ici 2016 seulement, soit une moyenne d'investissements annuels de près de 25 millions pour le pont Jacques-Cartier.

Les prévisions de dépenses à plus long terme, détaillées en annexe de l'étude de PwC sur les péages, obtenue par La Presse, indiquent que le coût annuel des chantiers prévus après2015 dépassera les 30 millions, jusqu'au tournant de la décennie.

Entre 2020 et 2025, les coûts des grands travaux de réfection vont dépasser 50 millions par année. Les frais d'exploitation, d'entretien et de réfection du pont Jacques-Cartier devraient fracasser la barre des 75 millions pendant la seule année 2025, selon ces prévisions de dépenses à long terme, qui totalisent 738 millionssur 15 ans.

L'entretien et la réfection de grands et vieux ouvrages comme les ponts Jacques-Cartier et Champlain coûtent cher au gouvernement fédéral. Selon les projections 2010-2025 de la Société des ponts fédéraux, établies avant que le gouvernement confirme la construction d'un nouveau pont en remplacement du pont Champlain, le total des coûts d'exploitation et d'entretien de ces deux ouvrages s'élèvera à plus de 1,7 milliard.

Or, les ponts Jacques-Cartier et Champlain sont les seuls ponts fédéraux qui ne génèrent aucun revenu autonome. Les autres ouvrages de la Société des ponts fédéraux, situés à Cornwall, à Sault-Sainte-Marie et aux Mille-Îles, sont des liens internationaux entre les États-Unis et le Canada, et ils sont tous à péage.

L'administration des ponts Jacques-Cartier et Champlain, filiale de la Société des ponts fédéraux qui gère ces deux grands ponts entre Montréal et la Rive-Sud, dépend, pour l'essentiel, des subsides qui lui sont alloués périodiquement par le gouvernement pour planifier les réparations et les besoins d'entretien courant.

En 2009, le gouvernement fédéral a alloué un budget spécial de 212 millions sur 10 ans, pour financer le renforcement du pont Champlain en attendant son remplacement complet. En mars 2011, Ottawa a aussi annoncé des fonds additionnels de 228 millions, sur trois ans, pour l'ensemble de ses infrastructures de transports de la grande région de Montréal.

Aucun financement n'est présentement assuré pour les travaux de réparations du pont Jacques-Cartier prévus à plus long terme.

Avec la collaboration de William Leclerc.