L'Agence métropolitaine de transport (AMT) estime qu'il n'est pas nécessaire de percer des sorties de secours dans le tunnel ferroviaire du mont Royal, car leur absence ne pose aucun problème de sécurité, a assuré mercredi le président de l'AMT, Joël Gauthier.

L'agence provinciale a présenté mercredi un rapport décrivant des « mesures d'atténuation » des risques qu'elle entend mettre en place, d'ici à 2016, dans ce tunnel de 4,8 kilomètres, et construit en 1918, selon les normes de l'époque. Ces mesures prévoient l'aménagement d'un trottoir, pour l'évacuation des passagers, l'installation de ventilateurs, destinés à éloigner la fumée du chemin d'évacuation suivi par les usagers, et l'implantation d'une source d'eau « sèche » à utiliser dans le tunnel, en cas d'incendie.

En vertu des normes de sécurité contemporaines, un tunnel long comme celui du mont Royal devrait être muni d'issues de secours tous les 762 mètres - soit six ou sept sorties -, d'une ventilation mécanique pour évacuer la fumée et de canalisations d'eau pour combattre les incendies. Le tunnel n'a actuellement aucune de ces caractéristiques et il n'est pas obligatoire qu'il en soit équipé car il a été construit avant l'adoption de ces normes, a dit M. Gauthier.

Un tunnel sécuritaire

« Le tunnel est sécuritaire », a martelé le président de l'AMT, à plusieurs reprises, pour rassurer les 30 000 usagers quotidiens du train de banlieue de Deux-Montagnes qui empruntent cette infrastructure stratégique, à bord de voitures tout électriques.

Selon M. Gauthier, le remplacement prochain de ces voitures électriques par de nouvelles locomotives « bi-modes », munies de réservoirs pouvant contenir jusqu'à 6800 litres de diesel, un carburant inflammable, « est un faux débat sur le plan de la sécurité » et n'aggrave pas les risques, contrairement à ce qu'estime le président de l'Association des pompiers de Montréal.

Les mesures présentées mercredi, et approuvées par les partenaires de l'AMT, dont le Service de protection incendie de Montréal, sont encore au stade de la conception. Un avant-projet préliminaire doit être préparé pour février 2012, et devra être approuvé par ces mêmes partenaires, qui incluent aussi le Canadien National (CN), propriétaire du tunnel. Après quoi, un avant-projet définitif sera préparé par les experts de l'AMT, avant la fin de 2012, pour établir l'ordre d'implantation de ces mesures (trottoirs, colonne « sèche », ventilation, etc.). Elles ne seront donc pas mises en place pour l'introduction des locomotives bi-modes de l'AMT sur la ligne de Deux-Montagnes, prévue au printemps prochain, et ne seront pas toutes implantées pour la mise en service du train de l'Est, prévue pour 2013 ou 2014. Le coût de mise en oeuvre de ces mesures est sommairement estimé à 20 millions.

« Nous n'avons pas à le faire, a insisté M. Gauthier, parce que le tunnel est sécuritaire et il répond aux normes de l'époque où il a été construit [en 1918]. Mais nous voulons augmenter le nombre de trains qui circulent dans le tunnel. Pour ce faire, nous devrons toutefois nous rapprocher des normes actuelles, mais le tunnel du mont Royal ne respectera jamais les normes NFPA-130 », qui s'appliquent aujourd'hui à la construction des nouveaux tunnels ferroviaires, partout au Canada et aux États-Unis.

Analyse de risque

L'AMT a cependant refusé, mercredi, de divulguer les résultats d'une analyse de risque réalisée dans le cadre de ses études d'amélioration. Cette partie du rapport d'experts a été retranchée du document présenté mercredi aux journalistes.

Les experts de l'Agence ont aussi été vagues sur les délais d'évacuation des passagers d'un train, en cas d'incendie dans le tunnel. En supposant qu'un incendie éclate au milieu du tunnel, les passagers devraient marcher environ 2,5 kilomètres jusqu'à la sortie la plus proche - distance qu'une personne ayant une condition physique normale mettrait de 30 à 90 minutes à franchir.

En 1946, quatre cheminots sont morts suffoqués sur les voies alors qu'ils tentaient de fuir un foyer d'incendie relativement mineur dans ce tunnel.