Un an après sa prestation de serment, le chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a rétabli la paix entre l'état-major et les troupes, et estime avoir tiré un trait sur les controverses qui ont marqué l'administration précédente.

Marc Parent s'engage aussi à maintenir son objectif de tisser des liens étroits avec la communauté, en plus de guetter les changements dans la mafia montréalaise, ébranlée par une série de meurtres au cours des dernières années.

Ce sont là les grandes lignes du bilan dressé hier par Marc Parent, au cours d'une entrevue accordée dans les bureaux de l'organisme montréalais Jeunesse au Soleil.

En cette période de scepticisme et de désabusement envers le pouvoir et les institutions, Marc Parent a insisté sur les mots «confiance et intégrité». «Surtout à l'heure actuelle, pour moi, c'est important de faire preuve de transparence», assure le directeur.

Son organisation s'était elle-même retrouvée dans la tourmente à son arrivée en poste l'an dernier, en raison d'un contrat de sécurité accordé durant quatre ans et sans l'aval des élus à la firme BCIA. L'agence de sécurité était notamment chargée d'assurer la sécurité du quartier général de la police.

Et c'est sans compter la pluie de critiques dirigée vers le groupe Éclipse, jadis formé pour faire la lutte contre les gangs de rue. Après les émeutes de Montréal-Nord, plusieurs voix s'étaient élevées pour suggérer que les interventions du groupe avaient pu exacerber les tensions entre policiers et la population de ce secteur. Pour éviter de tels dérapages, notamment le profilage racial, Marc Parent a lui-même ordonné une révision du mandat du groupe Éclipse. Sa mission sera dorénavant de soutenir les policiers locaux sur demande et de travailler sur des enquêtes contre le crime organisé tous azimuts.

Climat de travail

Marc Parent s'est toutefois gardé de jeter la pierre à son prédécesseur Yvan Delorme ou même de critiquer son règne. «Comme chef, on amène toujours notre couleur, notre philosophie, notre leadership et notre vision», résume-t-il.

M. Parent se réjouit cependant d'avoir contribué, en juin, à renouveler le contrat de travail des policiers, échu depuis cinq ans. «Il était conscient que le moral des troupes était à son plus bas et il a réussi à ramener un climat de confiance entre la Fraternité et la direction. Un exploit par rapport à l'administration précédente», affirme à ce sujet Yves Francoeur, président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal.

Toujours dans le but d'améliorer le climat de travail, Marc Parent a procédé à une restructuration importante de l'état-major du SPVM, dont certains membres étaient apparemment à couteaux tirés avec lui. Le directeur aurait écarté plusieurs proches d'Yvan Delorme au profit d'hommes en qui il a pleinement confiance, notamment Marc St-Laurent. Ce dernier a quitté le SPVM pour prendre la tête de la police de Longueuil après avoir perdu la course à la direction contre Yvan Delorme, en 2005. «On peut considérer que les gens sont en place et vont se concentrer sur le futur», résume M. Parent, qui préfère parler de réaménagement d'équipe et non de ménage.

Recours à la force

Interrogé sur la récente intervention musclée - et filmée - d'un policier à la sortie des bars du boulevard Saint-Laurent, sur la mort de deux hommes - dont un abattu par erreur - en juin au centre-ville et sur l'arrestation de 258 personnes au terme de la marche contre la brutalité policière en mars, Marc Parent assure qu'aucune nouvelle consigne n'est en vigueur pour autoriser les policiers à employer des moyens draconiens pour faire régner l'ordre. «J'exige de l'ensemble de mes gens d'être respectables et d'avoir une attitude de respect envers le citoyen. Je suis non négociable et exigeant par rapport à ça. Mais il faut qu'on nous laisse travailler», souligne le directeur.

Des paroles qui trouvent écho auprès du syndicat, qui réclame depuis des années plus de respect pour ses policiers. «L'usage de la force fait malheureusement partie du travail et on sent que le directeur appuie ses policiers», constate Yves Francoeur.

Par ailleurs, Marc Parent n'a pas voulu s'avancer sur l'identité des nouveaux acteurs de la pègre italo-montréalaise, déstabilisée depuis l'assassinat de plusieurs pontes du clan Rizzuto. «Ça entraîne une tentative de prise du marché et on sent du mouvement. Mais on redouble de vigilance», se contente de dire le directeur, qui assure qu'il fait de même pour les autres organisations criminelles, dont les Hells Angels, qui ont récemment vu 31 de leurs membres et associés recouvrer la liberté.

Marc Parent a enfin réitéré son objectif de rapprocher le SPVM de sa communauté, un de ses principaux objectifs. «Même si on est une police urbaine, on doit être très implanté dans nos quartiers. Dans des situations de crise comme Montréal-Nord, ça permet d'aller chercher la confiance et le capital de sympathie des gens, explique-t-il. La toxicomanie, l'itinérance, la santé mentale et la prostitution sont des domaines qui nous obligent à travailler en concertation avec des partenaires», conclut le directeur.