Les caisses du Plateau sont à sec. À tel point que sans l'aide de la ville-centre, l'arrondissement sera forcé de hausser les taxes et tarifs pour boucler son budget 2012. Voilà le message livré mardi par Luc Ferrandez, qui n'est pas parvenu à émouvoir l'administration Tremblay.

Le maire du Plateau-Mont-Royal a convoqué une conférence de presse pour dénoncer le sous-financement de son arrondissement. Depuis trois ans, la dotation qui lui est versée par la Ville a baissé de 1,7 millions, alors que les citoyens du Plateau n'ont jamais payé autant de taxes à Montréal, dit-il.

Cette année par exemple, les propriétaires de l'arrondissement ont versé 30 millions de plus qu'il y a deux ans en impôt foncier, résultat du nouveau rôle d'évaluation foncière adopté par la Ville. L'arrondissement est le plus touché. Ses immeubles résidentiels ont connu une hausse moyenne de 35,6% de leur valeur, contre 23,5% dans l'ensemble de la ville.

«Souvent, le Plateau est accusé d'être une gang de snobs à cause de son enrichissement. Mais il faut réaliser que cet enrichissement est devenu la vache à lait de la Ville, explique Luc Ferrandez. Cet argent-là, on n'en a pas eu une cenne, pas une traître cenne. On a même vu une baisse de nos dotations. Je comprends les citoyens du Plateau qui se demandent où va leur argent.»

L'élu de Projet Montréal jure ne pas demander la charité: il estime que la Ville doit un million à son arrondissement. Le million en question proviendrait de la hausse des tarifs des parcomètres dans le Plateau. Si la Ville le lui rembourse, il pourrait boucler son budget sans taxe spéciale ou hausse des tarifs. «J'ai bon espoir que M. Tremblay règle ce problème », a-t-il dit.

Mais la Ville de Montréal nie devoir cette somme au Plateau. «Si Luc Ferrandez et Richard Bergeron crient famine en ce qui concerne leur situation financière, ils n'ont qu'eux-mêmes à blâmer», juge Richard Deschamps, vice-président du comité exécutif.

La Ville admet qu'elle s'est engagée à remettre au Plateau les revenus supplémentaires tirés des parcomètres de l'arrondissement. Mais selon M. Deschamps, l'administration Ferrandez a surestimé les revenus anticipés. Moins d'automobilistes que prévu ont mis des sous dans les parcomètres du Plateau et l'arrondissement se retrouve maintenant le bec à l'eau, explique M. Deschamps. L'élu d'Union Montréal refuse de «rembourser l'arrondissement pour des revenus qui n'existent pas».

«Tous les arrondissements sont confrontés à des choix douloureux, dit-il. Le Plateau peut bien faire ses menaces mais je ne crois pas que dans le contexte ce soit bien acceptable.»