La Ville de Montréal a renouvelé, sans appel d'offres, un contrat confié il y a un an à la firme de sécurité privée Sécur-Action pour la surveillance d'une usine d'épuration des eaux usées, la troisième en importance du monde.

Le sommaire décisionnel remis aux élus mentionne que la firme «a bien répondu aux exigences opérationnelles et de sécurité [...] au cours de la première année». Il est aussi «recommandé» de «se prévaloir de l'option» de renouvellement du contrat initial avec échéance en septembre 2012. Le contrat s'élève à 376 299,72$.

Cette entreprise, objet d'une enquête de La Presse en septembre dernier, avait été évincée à la même époque des quartiers généraux de la police de Montréal et de la Sûreté du Québec, du palais de justice et du centre judiciaire Gouin pour des raisons qui n'ont pas été communiquées officiellement. Dans un entretien avec le quotidien The Gazette, le chef de police de Montréal, Marc Parent, avait évoqué un problème de confiance. C'était son prédécesseur, Yvan Delorme, qui avait choisi Sécur-Action pour remplacer la défunte firme BCIA, en faillite et elle aussi empêtrée dans un scandale.

Sécur-Action avait toutefois conservé ses mandats de gardiennage de l'usine d'épuration Jean-R.-Marcotte, située à la pointe est de l'île, et de patrouille dans les rues d'Outremont, où réside d'ailleurs le maire de Montréal.

Dans le sommaire décisionnel, la Direction de l'épuration des eaux usées souligne que lors de l'attribution du contrat initial, en août 2010, la Ville a «bénéficié d'un écart favorable de 7,1% par rapport au précédent contrat avec la firme BCIA et de 11,33% par rapport au deuxième plus bas soumissionnaire».

Or, lorsqu'il avait annoncé l'ouverture d'une enquête interne sur Sécur-Action, le maire de Montréal avait fait part de ses questionnements sur les tarifs de cette firme, à ses yeux anormalement bas. Son dirigeant avait répliqué que sa gestion serrée lui permettait justement d'offrir des tarifs plus bas que la moyenne.

Onze mois plus tard, la Ville de Montréal dit n'avoir «aucun motif légal pour écarter Sécur-Action d'un processus d'appel d'offres ou de prolongation d'un contrat. Ce processus a été validé par le Service des affaires juridiques de la Ville, qui a produit un avis favorable relativement à la prolongation du contrat», a dit le porte-parole Gonzalo Nunez.