La fermeture d'urgence du pont Mercier en direction de la Rive-Sud persistera au moins jusqu'à la rentrée, a indiqué mercredi le ministre des Transports du Québec, Sam Hamad.



Après la fermeture partielle de l'autoroute 15 Sud en direction du pont Champlain, prévue jusqu'en décembre, et les déficiences constatées dans la bretelle qui relie les autoroutes 720 et 20 Ouest, dans l'échangeur Turcot, c'est la troisième fois depuis le début de l'année qu'une infrastructure majeure de la région de Montréal montre des défaillances critiques.

Avant de rouvrir le pont Mercier à la circulation, le ministère des Transports du Québec (MTQ) devra renforcer une dizaine de plaques de goussets qui montrent des signes évidents de corrosion et de faiblesse. Dans l'intervalle, la structure aval du pont Mercier, qui permet normalement la circulation en direction de Montréal, sera ouverte en alternance vers Montréal, de minuit à midi, et vers la Rive-Sud, de midi à minuit.

D'autres mesures d'atténuation pourraient être annoncées dans les jours qui viennent mais, quelles qu'elles soient, la fermeture de la structure la plus ancienne du pont Mercier compliquera singulièrement la circulation entre les deux rives du Saint-Laurent au cours des prochains mois.

Mardi, 20h04

La décision de fermer la structure amont du pont Mercier a été prise mardi en fin de journée, après que les spécialistes du Ministère eurent obtenu les résultats d'une évaluation structurale de l'ensemble du pont, intégrant les données les plus récentes sur l'état des plaques de goussets.

«Ce qu'on a trouvé, a affirmé mercredi le directeur de la Direction des structures au MTQ, Daniel Bouchard, ce sont des goussets plus endommagés. En fonction de la détérioration, nous avons réévalué la capacité de la structure et on s'est aperçu que ces goussets n'offraient pas la capacité suffisante.»

Il était 20h04, mardi soir, quand l'accès au pont Mercier a été fermé à toute circulation. Il restera fermé au moins jusqu'à la fin du mois d'août.

D'ici là, les plaques de goussets jugées défectueuses seront remplacées ou renforcées. Les détails des interventions nécessaires ne sont pas encore établis. On sait seulement que chaque gousset ciblé doit faire l'objet d'une intervention appropriée à son positionnement dans la structure, à son exposition aux facteurs de dégradation, comme les sels de déglaçage, et à l'état des poutres auxquelles il est attaché.

Les goussets sont de grandes plaques de métal, généralement piquées d'une multitude de rivets, qui servent à retenir entre elles plusieurs membrures d'acier dans une structure. Ils jouent un rôle essentiel dans la capacité portante d'un pont en acier parce qu'ils permettent de répartir sur les poutres ou les éléments qui s'y attachent toutes les charges qui pèsent sur chaque élément de la structure.

Depuis 2008

Curieusement, la fermeture du pont Mercier survient après plus de deux ans de travaux dans les structures mêmes où se trouvent les goussets endommagés.

Dans le cadre d'un projet fédéral-provincial de remplacement du tablier du pont, le MTQ avait prévu dépenser plus de 9 millions pour ces travaux. En septembre dernier, des fonctionnaires ont toutefois sonné l'alarme en assurant, dans une note technique, qu'il «est critique d'intervenir sur certaines membrures qui n'apparaissaient pas en mauvaise condition», au début des travaux, en 2008.

«Il n'y a aucune alternative qui n'implique pas la restriction du camionnage ou même la fermeture de cette voie de communication essentielle aux usagers», estimaient déjà, à l'époque, les spécialistes du MTQ. «La quantité des pièces détériorées de la structure en acier a doublé par rapport au nombre des interventions requises au moment de l'adjudication du contrat. De plus, de nouvelles sections critiques ont été décelées, nécessitant une intervention.»

Sur la base de cet avis, la direction du MTQ a approuvé l'augmentation des budgets de réparation du pont, qui sont alors passés de 9 à près de 20 millions de dollars. Des sommes appréciables ont donc été consenties pour des interventions particulières sur plusieurs travées du vieux pont, inauguré en 1934.

Une somme de 121 913$ seulement, sur les crédits additionnels demandés, a alors été affectée expressément à la réparation de goussets, selon la note technique obtenue par La Presse.