Le coût du chantier du pont Honoré-Mercier géré par la Mohawk Bridge Consortium a explosé. Prévus à 9 millions de dollars, les travaux de réfection de la partie qui se trouve dans la réserve autochtone coûteront au moins 21 millions. Et, en dépit d'une entente signée tout récemment avec les Mohawks, les discussions sur la seconde partie du chantier, pour laquelle l'entrepreneur autochtone et la firme Pomerleau doivent collaborer, sont carrément dans l'impasse.

Selon ce qu'a pu apprendre La Presse, Québec éprouve de sérieux problèmes à appliquer l'accord tout récent qui devait permettre à la Commission de la construction d'inspecter les chantiers où travaillent des ouvriers mohawks. Le 1er juin dernier, le ministère des Affaires autochtones a en effet conclu avec le conseil de bande une entente qualifiée d'historique.

Refus

Mais le problème reste entier: la firme Mohawk Bridge Consortium refuse carrément de l'appliquer.

L'entreprise refuse d'ouvrir le chantier aux travailleurs autochtones qui ont une carte de qualification délivrée par la Commission de la construction. En fait, on voudrait conserver les emplois pour les ouvriers mohawks qui ont travaillé au premier chantier, le segment A, qui n'ont pas de carte de qualification délivrée par Québec. Souvent, il s'agit d'ouvriers qui travaillent indifféremment en Ontario ou aux États-Unis.

L'entente conclue entre le conseil de bande et Québec prévoit également que des ouvriers syndiqués travailleront à ce second chantier, ce que refuse carrément l'entrepreneur autochtone.

La semaine dernière, Québec a fait ajouter au projet de loi 17 étudié en commission parlementaire un «papillon» afin d'amender la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction pour permettre des règlements entre la Commission de la construction et le conseil de bande.

À l'origine, le projet de loi visait uniquement des dispositions pour assurer l'arrimage des règles sur la santé et la sécurité du travail pour les ouvriers autochtones. Le projet de loi a franchi mardi la commission parlementaire et sera adopté avant vendredi soir.

Ces modifications visaient à assurer l'autorité de la Commission de la construction sur ces chantiers. La présidente de la CCQ, Diane Lemieux, en commission parlementaire, s'était contentée d'un engagement plutôt vague à ce qu'il y ait des inspections dans ces chantiers mohawks - jusqu'ici, on craignait même pour la sécurité d'éventuels inspecteurs blancs.

Explosion des coûts

En 2008, une entente était intervenue entre Ottawa, Québec et les Mohawks pour les travaux du pont Mercier. Cet accord confiait sans appel d'offres la phase A de la réfection du pont au Mohawk Bridge Consortium. Le gouvernement du Québec s'était alors engagé à verser plus de 9,1 millions de dollars pour ces travaux. Or, nous avons découvert que ces coûts ont littéralement explosé pour passer à 21 millions de dollars.

À l'Assemblée nationale, hier, le député péquiste de Gouin, Nicolas Girard, a relevé ce dépassement de coûts: «On ne parle pas d'une augmentation de 5%, 10% ou même 20%, mais d'une augmentation de 133%, a lancé M. Girard. Visiblement, le ministre a perdu le contrôle du chantier.»

En entrevue, plus tard, le ministre Sam Hamad a mis en doute les chiffres de M. Girard. Il faudra vérifier si l'augmentation de la facture n'est pas liée aux mesures de sécurité qu'il a fallu mettre en place - des parapets de ciment ont été nécessaires, et il a fallu interdire aux camions d'emprunter le pont.

«Le pont Mercier est une infrastructure importante pour Montréal, particulièrement pour la sécurité. Pendant la réalisation des travaux, quand on s'aperçoit qu'il y a des travaux à faire, on ne peut pas hésiter à les faire pour rendre le pont Mercier sécuritaire», a souligné le ministre Hamad à l'Assemblée nationale.