La Sûreté du Québec a contredit ce matin une nouvelle fois le maire Gérald Tremblay: elle n'a jamais autorisé un fonctionnaire de la Ville de Montréal à intercepter ou récupérer des courriels.

Sur les ondes du 98,5 FM, le porte-parole de la SQ, Guy Lapointe, a maintenu l'affirmation de son service en avril dernier: «Notre réponse était claire, à l'effet qu'en aucun temps, la Sûreté du Québec, on avait demandé ou donné d'autorisation ou même suggéré l'interception de courriels ou la récupération de ceux-ci. Cette position demeure la même aujourd'hui. Cette position n'a pas changé, ce n'est pas notre façon de faire.»

La veille, en entrevue avec Paul Arcand, le maire Tremblay avait sorti un lapin de son chapeau en assurant disposer d'«un courriel de la SQ qui a donné trois mandats à des représentants de la Ville de Montréal de faire des vérifications.»

«On travaille en partenariat avec le gouvernement du Québec et la Sûreté du Québec pour éclairer tous ces dossiers», avait-il ajouté. Il répondait alors à une question de l'intervieweur sur les scandales de l'espionnage à l'hôtel de ville. Coup sur coup, on a appris en février et avril dernier que le Service du contrôleur général Pierre Reid avait intercepté des courriels du vérificateur général, Jacques Bergeron, et du président du conseil, Claude Dauphin.

«On a des mandats, a dit le maire Tremblay hier. Il y a eu des mandats qui ont été donnés par la Sûreté du Québec pour faire des vérifications. Ces vérifications ont été faites.»

Règles de droit

Le fameux courriel, envoyé aux médias dans une version caviardée, ne contenait par ailleurs aucune autorisation explicite donnée aux fonctionnaires de fouiller des courriels. Il s'agissait plutôt d'une demande pour obtenir des versions électroniques de trois mandats de perquisition exhibés par les policiers à un conseiller en informatique de la Ville, Michel Nantel, entre mai et novembre 2010. Ces mandats de perquisition sont sous scellés et ne peuvent être consultés, a par ailleurs constaté Cyberpresse ce matin.

Le porte-parole de la SQ a plutôt répliqué ce matin que les enquêteurs «respectent la loi et travaillent selon les règles de l'art». Il a laissé entendre que des preuves obtenues de la façon suggérée par le maire Tremblay ne passeraient tout simplement pas le test devant un tribunal.

«Il faut comprendre que, lorsqu'on mène une enquête, ultimement, il peut y avoir un processus judiciaire qui va être enclenché. On va devoir rendre compte de la façon dont on a obtenu nos preuves devant les tribunaux. On respecte la loi justement de façon à ne jamais avoir de problème de ce côté-là.»

La SQ a par ailleurs fait savoir ce matin qu'elle ne donnerait plus d'informations aux médias sur ce dossier. «On n'émet plus de commentaires et on ne fait plus d'entrevues là-dessus», a déclaré le sergent Claude Denis.

-Avec la collaboration de Francis Vailles