L'arrondissement du Sud-Ouest ne fournit pas à la tâche et demande une aide financière récurrente du ministère des Transports du Québec (MTQ) pour gérer les préparatifs aux grands chantiers de l'échangeur Turcot qui vont occuper ce secteur de Montréal au cours des sept prochaines années.

Le maire d'arrondissement Benoît Dorais a déclaré hier que le Sud-Ouest n'avait ni le personnel disponible ni les ressources nécessaires afin de participer activement à la bonification du mégaprojet de 3 milliards de dollars, annoncé par Québec en novembre dernier.

M. Dorais a expliqué que l'arrondissement avait présenté à la direction du Ministère, dans l'île de Montréal, une demande d'aide pour engager «l'équivalent de 11,5 personnes-année», dont le rôle serait de coordonner les activités avec le MTQ pour améliorer certains aspects du projet, ou réduire l'impact des chantiers à venir sur les résidants. La facture s'élèverait à environ 700 000$ par année, dit-il.

«On demande au MTQ de démontrer sa bonne foi, a déclaré le maire, en nous assurant qu'il va nous fournir les ressources pour travailler de concert dans des réunions de travail qui sont productives, et où on pourrait parler tout de suite des vraies affaires. Dès qu'on veut discuter d'enjeux qui concernent le design du projet, ce n'est jamais le bon comité, ou le bon moment pour en parler.»

L'échangeur Turcot est le plus gros carrefour autoroutier de la province. Il relie entre elles les autoroutes 15, 20 et 720, dans le sud-ouest de Montréal, et il est traversé tous les jours par près de 300 000 véhicules. Il est en fin de vie utile. Sa reconstruction, qui devrait commencer à l'automne, va prendre au moins sept ans.

Pas assez de transports collectifs

Par ailleurs, la version définitive du projet, présentée en novembre dernier par le ministre des Transports du Québec, Sam Hamad, suscite toujours autant d'opposition dans le sud-ouest de Montréal. On lui reproche principalement d'encourager une hausse de la circulation automobile dans des quartiers habités et de ne pas prévoir de projet structurant en transports collectifs, pour offrir une solution de rechange à l'automobile dans les déplacements quotidiens.

Hier, le Centre d'écologie urbaine de Montréal (CEUM) et une coalition de groupes locaux du Sud-Ouest, Mobilisation Turcot, annonçaient, pour les mois à venir, «une série d'actions de mobilisation et de visibilité» pour obtenir «un projet digne du XXIe siècle».

Ce mouvement de protestation est appuyé par plusieurs professionnels de l'aménagement et de l'urbanisme, des organismes environnementaux et sociaux, et par de nombreux élus des partis de l'opposition au conseil municipal de Montréal et à l'Assemblée nationale du Québec.

La planification avance

Pendant ce temps, la planification du projet avance, inéluctablement. Le maire du Sud-Ouest assure qu'au moins 18 tables et comités de travail différents planifient la mise en oeuvre de ce projet gigantesque, qui va s'étendre du tunnel Ville-Marie, à Westmount, jusqu'à l'échangeur Montréal-Ouest et l'autoroute Décarie, dans Notre-Dame-de-Grâce, jusqu'aux approches du pont Champlain.

Le Ministère, ajoute-t-il, n'a toutefois proposé à ce jour aucun changement substantiel au projet annoncé en novembre.

«De temps en temps, on envoie un agent, un chef de section et même un directeur de service, mais, à un moment donné, il faut être décisionnel. Dans ces comités, on obtient les informations du Ministère, on voudrait contribuer, mais on n'a pas la machine, en arrière, pour le faire», a déploré le maire.