Placé au centre d'une véritable tempête médiatique et politique depuis une semaine, l'ex-chef de police Yvan Delorme est sorti de son mutisme hier pour nier en bloc les allégations dont il est l'objet et dénoncer ce qu'il appelle une «campagne de salissage».

Le 12 avril, La Presse a d'abord révélé que des enquêteurs privés mandatés par la Ville de Montréal pour se pencher sur le cas de la firme de sécurité privée BCIA (qui surveillait le QG de la police sans appel d'offres) en étaient venus à s'intéresser au chef de police, à sa nomination et à la nature de ses relations avec Luigi Coretti, le patron de cette compagnie. La Presse a aussi indiqué que le maire de Montréal avait été averti en juillet 2009 qu'il devait se pencher sur ce dossier. L'ex-contrôleur de la Ville, Pierre Reid, avait confirmé à une de nos sources qu'il enquêtait sur Yvan Delorme.

Samedi dernier, Le Devoir écrivait que la GRC avait aussi été chargée d'enquêter sur Yvan Delorme à la demande du ministère de la Sécurité publique. En entrevue au 98,5 FM, avec Paul Arcand, Jacques Dupuis, un ami d'Yvan Delorme, a évoqué des allégations de liens avec des membres de la communauté italienne, sans prononcer les mots «crime organisé». Plus tard dans la journée, le nouveau ministre Robert Dutil a refusé de prononcer le mot enquête, mais a parlé plutôt de vérifications confiées à la SQ avant le renouvellement de son mandat de chef de police en mai 2010. Rien pour aider à éclaircir le mystère.

Depuis, ces manchettes ont enflammé les débats au Parlement à Québec et donné des munitions à l'opposition.

»On m'associe à eux?»

En entrevue à Claude Poirier, sur les ondes de LCN, Yvan Delorme a réagi à ces reportages qu'il qualifie de «campagne de salissage». Il a rappelé qu'il a fait partie de ceux qui ont combattu le crime organisé, en particulier comme agent d'infiltration. «J'ai risqué ma vie à plusieurs reprises et on m'associe à eux?», s'est-il exclamé.

Il s'est aussi appliqué à minimiser ses liens avec les dirigeants des firmes de sécurité, comme Luigi Coretti, de BCIA, alors que plusieurs ont témoigné du contraire. «Les compagnies se succèdent (au QG), mais les employés demeurent, a-t-il dit à Claude Poirier. Toute ma carrière, j'ai travaillé avec différentes personnes du milieu de la sécurité privée ou publique. [...] On se rencontrait à l'occasion de congrès, colloques, on partageait nos différentes visions.»

Mais avant sa nomination, Yvan Delorme a partagé un repas dans un restaurant de la rue Crescent avec Luigi Coretti et deux collègues policiers. Le patron de BCIA et l'ex-chef de police ont aussi été vus ensemble à plus d'une reprise, y compris après sa nomination, ont assuré des témoins.

L'ex-chef de police a nié aussi avoir pu être l'objet d'une enquête et filature, hormis une vérification à l'occasion de sa nomination et il y a quelques mois alors qu'un média s'intéressait à cette question, a-t-il révélé. «Je l'espère. On le fait pour de nouveaux candidats policiers, j'espère que le directeur va faire l'objet d'une enquête.»

Yvan Delorme a aussi répété que BCIA avait un contrat pour surveiller le quartier général. Or, dans son rapport remis en mai 2010, le vérificateur de la Ville de Montréal a révélé qu'il s'agissait plutôt d'une entente verbale.