Le Directeur des poursuites criminelles et pénales du Québec invite le maire Gérald Tremblay à la patience quant aux dossiers concernant la Ville de Montréal, en particulier ceux des compteurs d'eau, du Faubourg Contrecoeur (SHDM) et de Frank Zampino. Même son de cloche à la Sûreté du Québec où l'on refuse de céder à la pression.

Mercredi, le maire Gérald Tremblay a reproché au ministre de la Sécurité publique Robert Dutil de faire preuve de plus de «célérité» pour lui envoyer, sans l'avertir, la nouvelle unité anticorruption (UPAC) dans ses bureaux que pour les nombreuses enquêtes qu'il dit avoir soumises à la police « ces dernières années ».

Des propos que Me Martine Bérubé, la porte-parole de Me Louis Dionne, directeur des poursuites criminelles et pénales, ne souhaite pas commenter.

«Dans ce type d'infraction, la preuve est complexe et plus longue à recueillir», se borne-t-elle à dire.

Lors de son entrevue à La Presse, elle a confirmé que les trois dossiers cités plus haut font toujours l'objet d'une enquête des policiers de la Sûreté du Québec. Une fois les enquêtes achevées, les policiers vont désigner certaines infractions. Le bureau de Me Dionne a le privilège d'en retirer ou d'en ajouter.

«Nous n'avons pas encore reçu de demande (des policiers) d'intenter des procédures, tient-elle à préciser. Mais les choses bougent, ces dossiers évoluent.»

Une fois encore, le bureau de Me Dionne réfute toute «accusation» d'immobilisme. L'automne dernier, à mots couverts, des policiers laissaient entendre que des dossiers qu'ils avaient bouclés étaient bloqués à Québec. La seule opération a eu lieu à Boisbriand en février. Par la suite, la grève des procureurs de la Couronne et la loi spéciale qui a suivi ont envenimé les relations entre Me Louis Dionne et ses procureurs. Depuis, certains ont quitté le navire, ce qui pourrait ralentir des enquêtes.

Prudente, elle évite aussi de spéculer sur une échéance pour une prochaine opération ou le dépôt d'accusations dans le domaine de la collusion et de la corruption municipales.

Fardeau de preuve très élevé

À la Sûreté du Québec, on «comprend que des gens ont hâte de voir des résultats concrets», mais on dit se refuser à céder aux « influences externes». «Ce qui dicte notre agenda, c'est l'enquête», de dire le sergent Guy Lapointe. Il rappelle lui aussi que ces dossiers exigent un «fardeau de preuve très élevé».

D'ailleurs, le sergent Lapointe reconnaît que l'enquête sur les dépassements de coûts de la construction du Centre communautaire intergénérationnel (CCI) d'Outremont «n'avance pas au rythme souhaité». «On demande aux gens qui détiendraient de l'information à ce sujet, même si elle leur paraît anodine, de communiquer avec nous.»

Toujours en lien avec les déclarations du maire de Montréal, le sergent Lapointe ajoute qu'il faut être très prudent et ne pas confondre un appel à l'escouade Marteau avec une dénonciation et une enquête. L'un n'entraîne pas forcément l'autre. «Il y a une distinction entre une information reçue, des allégations, du renseignement et une enquête en cours.»

Toutefois, la Sûreté refuse de communiquer le nombre d'enquêtes qu'elle mène sur l'administration et la Ville de Montréal. Pour sa part, Louise Harel a cité le chiffre de huit enquêtes actives.