Le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, désavoue les «méthodes d'enquête» employées par le service dirigé jusqu'à hier par le contrôleur général de la Ville de Montréal, Pierre Reid. «Le ministre ne cautionnera jamais de telles méthodes d'enquête», a déclaré la porte-parole Caroline St-Pierre.

«Nous ne savions pas qu'une enquête était menée sur Claude Dauphin. Nous l'avons appris dans La Presse ce matin (hier). Si cela avait été le cas, on aurait agi», a-t-elle ajouté.

Lors de son point de presse hier midi, Gérald Tremblay a fait allusion à une lettre adressée le 21 mars par le directeur général Louis Roquet au président du conseil, Claude Dauphin. M. Roquet écrit que les services de la Ville «ont pu ou peuvent, en lien avec le ministère des Affaires municipales ou les autorités policières compétentes, conduire des enquêtes concernant un élu ou un membre d'un cabinet politique».

Là encore, Québec ne cache pas son étonnement: «Le Ministère n'a en aucun temps été informé de quelle qu'enquête que ce soit», a affirmé Caroline St-Pierre.

La Presse a obtenu une lettre adressée par le ministre Laurent Lessard au maire Tremblay. La lettre a été envoyée le 22 mars, quatre jours après que La Presse eut révélé qu'un informaticien de la Ville avait reçu l'autorisation de Pierre Reid d'ouvrir, si besoin, les courriels des élus.

Dans sa lettre, le ministre rappelle au maire que «la confidentialité des communications des élus est nécessaire au bon fonctionnement des institutions politiques démocratiques». Et d'ajouter: «En qualité de responsable de la bonne administration du système municipal, je vous demande de m'informer dans les plus brefs délais du contenu des vérifications qui ont été effectuées par la Ville concernant la confidentialité des communications électroniques des élus (...) et des mesures adoptées par la Ville pour protéger la confidentialité de ces communications».

Pas de tutelle pour l'instant

Par ailleurs, pour Antony Dulude, porte-parole du ministre Lessard, le recours à la tutelle pour Montréal ne pourrait se justifier pour l'instant. Le conseil qui se réunit aujourd'hui est apte à prendre des décisions - or, selon la loi, le conseil doit être paralysé pour que Québec impose une tutelle. Le ministre des Affaires municipales doit réagir aujourd'hui aux derniers événements survenus à Montréal hier.

De plus, la Sûreté du Québec a tenu à nous «préciser» que, contrairement à ce que le maire a laissé entendre hier en conférence de presse, «en aucun temps la Sûreté du Québec n'a suggéré ou demandé aux représentants de la ville de procéder à l'interception ou récupération de courriels».

Avec la collaboration de Denis Lessard