Après avoir réussi à regrouper les élus et les milieux d'affaires, la coalition Champlain en chantier a lancé, hier, un appel à la mobilisation de toute la population de la région métropolitaine afin d'obtenir un engagement du gouvernement fédéral pour la construction d'un nouveau pont en remplacement du pont Champlain, entre Montréal et la Rive-Sud.

Le porte-parole de la coalition et ex-maire de Longueuil, Jacques Olivier, a invité les usagers du pont Champlain à se joindre au mouvement par le biais d'une pétition électronique pour réclamer un échéancier crédible, des mesures de transition et la création immédiate d'un bureau de projet pour planifier la construction du nouveau pont, au nom de la vitalité économique de la métropole. Devant un semi-remorque de la compagnie de transport Robert peint aux couleurs de cette coalition, M. Olivier a affirmé que «les axes de transport entre le 450 et le 514 sont en danger» en raison de l'usure avancée du pont Champlain, qui assure le transit de marchandises totalisant 20 milliards par année.

Cette coalition est née il y a deux semaines en réaction à la publication de deux rapports d'experts, dont les conclusions alarmantes ont été rendues publiques par La Presse. Ces rapports concluaient que dans son état actuel, le pont Champlain, qui est traversé annuellement par 57 millions de véhicules, présente des risques d'effondrement partiel qui commandent une «extrême vigilance» de ses gestionnaires, la société fédérale Les Ponts Jacques-Cartier et Champlain.

Ces rapports, remis à Transports Canada, recommandaient également d'accélérer le processus de remplacement de ce pont par une nouvelle infrastructure, d'ici 10 ans. Dans le cadre de la campagne électorale en cours, le chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, a promis mercredi que s'il était porté au pouvoir, son gouvernement se mettrait immédiatement à la tâche pour planifier le gigantesque projet, dont le coût s'élèvera à un minimum de 2 milliards.

Le gouvernement conservateur sortant ne s'est toujours pas engagé pour la construction d'un nouveau pont.

Le président de l'Association du camionnage du Québec (ACQ), Marc Cadieux, a reconnu que le contexte des élections fédérales pourrait favoriser une prise de décision plus rapide pour un nouveau pont. Selon lui, le gouvernement fédéral dispose déjà de tous les rapports et études nécessaires pour conclure à la nécessité de construire ce pont, et un engagement des principaux partis politiques serait de nature «à rassurer tout de suite la population».

En rappelant les restrictions de circulation imposées au camionnage sur le pont Mercier, en direction de la Rive-Sud, et dans le tunnel Louis-H.-La Fontaine, M. Cadieux a estimé que «des restrictions ou une interruption du trafic lourd sur le pont Champlain», en raison de son état, auraient des conséquences «catastrophiques» sur le transport des marchandises dans l'ensemble de la métropole.

«Il y avait déjà 10 000 camions par jour qui empruntaient le pont Champlain tous les jours, dit M. Cadieux. Depuis les restrictions de circulation imposées sur le pont Mercier, il y en a 2000 ou 3000 de plus. La société des Ponts Jacques-Cartier et Champlain tient à nous rassurer en disant que le pont a été sécurisé et qu'on va y investir 158 millions dans les prochaines années. Mais ce qu'on veut, c'est un engagement pour la construction d'un nouveau pont.»