Les hostilités continuent entre l'administration du maire Tremblay et le vérificateur général de la Ville de Montréal, Jacques Bergeron. Dernière salve: un cadre supérieur de la Ville exige que M. Bergeron lui donne des précisions sur une prétendue omission dans son curriculum vitae.

Dans une lettre envoyée aux conseillers municipaux, mardi, M. Bergeron affirme qu'il est l'objet d'une chasse aux sorcières. «Je ne peux m'empêcher de penser que ces précisions demandées illustrent jusqu'où certains individus sont prêts à aller pour tenter non seulement de trouver dans mon passé des éléments incriminants, mais de créer une nouvelle qui n'en est pas une dans le seul but de salir ma réputation», écrit-il.

Le 24 février dernier, le journaliste Yves Poirier a diffusé un reportage à TVA où il disait que le CV de M. Bergeron était incomplet. M. Poirier indiquait que M. Bergeron avait déjà travaillé pour la firme Raymond Chabot Grant Thornton. Or, le journaliste avait appris que ce détail ne figure pas dans le CV que M. Bergeron a remis à la Ville de Montréal à l'appui de sa candidature au poste de vérificateur.

Le lendemain du reportage, Jean-Yves Hinse, directeur principal du Service du capital humain à la Ville, a demandé des explications à M. Bergeron. Il a évoqué le reportage de TVA et exigé des clarifications écrites avant le 11 mars. Il a posé à M. Bergeron 10 questions comme «Veuillez préciser les dates de votre embauche et de départ (jour/mois/année); Veuillez préciser les motifs de votre départ», etc.

M. Hinse est un proche collaborateur du contrôleur Pierre Reid, qui a espionné les courriels du vérificateur pendant 10 mois l'année dernière. Cette affaire, révélée par La Presse, a ébranlé l'administration Tremblay.

Refus

M. Bergeron a refusé de répondre à M. Hinse. Dans la lettre qu'il a adressée au conseil municipal mardi, il souligne qu'il n'a aucun compte à rendre à M. Hinse. Le vérificateur général relève uniquement du conseil municipal.

«J'ai en effet été à l'emploi de Raymond Chabot Grant Thornton entre janvier et novembre 1998, soit pour une période de moins de 11 mois, ajoute-t-il. J'ai quitté cet emploi volontairement alors qu'une opportunité d'emploi dans un autre cabinet, soit la firme KPMG, m'a été présentée.

«De fait, cet emploi n'apparaît pas à mon curriculum vitae. Il s'agit d'une omission qui avait pour effet de simplifier la présentation de mes expériences de travail... J'ai autorisé la firme Raymond Chabot Grant Thornton à donner les détails et les circonstances entourant mon départ en novembre 1998 sur demande du conseil (municipal). Je peux ajouter que j'ai toujours entretenu des relations cordiales et professionnelles avec cette firme.

«Je déplore encore une fois de devoir intervenir et dépenser ressources et énergie à lutter contre cette chasse aux sorcières qui a déjà trop compromis l'exécution de mon mandat premier, soit celui de procéder aux vérifications des comptes et affaires de la Ville de Montréal.»