La Régie du bâtiment du Québec (RBQ) se réfugie derrière la lettre de la loi pour justifier son inaction dans le dossier du Bois des Caryers, un projet résidentiel auquel est lié l'entrepreneur Tony Magi.

«La licence est en vigueur et a été obtenue en bonne et due forme; la personne qui en a fait la demande, Patricia Navarro, n'a pas d'antécédents criminels; il n'y a donc pas de raison de ne pas la lui accorder», a dit à La Presse Sylvain Lamothe, porte-parole de la RBQ.

Mercredi, La Presse a révélé que Tony Magi, lié à la mafia, et son frère cadet, Ricardo, étaient impliqués dans le projet Bois des Caryers, à LaSalle, où 600 maisons et appartements sont en chantier. L'automne dernier, Tony Magi a été arrêté au siège social du Bois des Caryers et accusé de possession d'armes à feu dans un dessein dangereux. Le chantier est géré par Patricia Navarro, qui lui a déjà servi de prête-nom, selon un témoignage en cour.

La façon de faire de la RBQ suscite l'étonnement quand on sait que la Régie des alcools, des courses et des jeux a récemment retiré à un bar son permis d'exploitation parce qu'elle s'inquiétait de la participation de Tony Magi dans l'affaire. Son nom n'est pourtant mentionné nulle part dans les documents officiels du bar.

Dans le cas du Bois des Caryers, la licence a été accordée à Patricia Navarro, qui a réussi les examens de compétence technique, obtenu le cautionnement exigé et montré patte blanche quant à ses antécédents criminels.

La loi de la RBQ a été modifiée pour ajouter à sa mission «la lutte contre la criminalité dans l'industrie de la construction». La loi a été adoptée en décembre 2009 et Mme Navarro a obtenu son permis en janvier 2010. En vertu de la loi, explique M. Lamothe, la Régie peut imposer des sanctions seulement quand le demandeur a des antécédents criminels ou lorsqu'il est lié à une entreprise qui a fait faillite.

«Et on ne se base pas sur des présomptions. Il faut que la personne ait été reconnue coupable», a dit M. Lamothe. Il n'a pas voulu dire si son organisme interviendra. «Au moment où on se parle, le dossier de Mme Navarro est en règle», s'est-il borné à répondre.

L'acte d'achat du terrain du Bois des Caryers, en décembre 2009, porte la signature de Ricardo Magi. Le projet est financé par Centria, firme détenue par l'ex-président de Bell Canada, Jean Monty, et par Jean-Guy Desjardins, patron de Fiera Sceptre. La semaine dernière, la direction de Centria s'était dite étonnée d'apprendre que Tony Magi puisse être lié au projet.