Un contremaître et 16 cols bleus de l'arrondissement d'Ahuntsic ont été sanctionnés l'été dernier pour une raison plutôt insolite: ils avaient pris l'habitude de «voler du temps» en procédant à toute vitesse à la collecte des matières recyclables. Une fois leur circuit terminé, ils allaient se prélasser chez eux avant de revenir signer leur relevé de temps aux bureaux de l'arrondissement.

Les 16 cols bleus et leur contremaître ont subi des sanctions diverses, de la réprimande à la suspension, mais aucun n'a perdu son emploi. «Les événements ont été réglés au cours de l'automne 2010, a précisé par communiqué Louis Lapointe, directeur des travaux publics de l'arrondissement. Ces sanctions n'ont pas été contestées par le syndicat.»

Réaction syndicale

La nouvelle, diffusée mardi soir par TVA, a forcé le président du syndicat des cols bleus, Michel Parent, à défendre ses membres sur toutes les tribunes, hier. Il estime que la Ville tente de faire diversion en divulguant cette affaire près de sept mois après les faits.

«Je déplore le fait que ça sorte maintenant. On cherche à faire dévier l'attention des réels problèmes de l'hôtel de ville.» M. Parent reconnaît cependant que le comportement des cols bleus et de leur contremaître était «inacceptable» et assure que le syndicat s'est associé à l'arrondissement pour que les mesures appropriées soient prises.

Essentiellement, en accélérant ainsi le rythme de collecte, les cols bleus avaient une façon de travailler dangereuse pour eux-mêmes, explique-t-il. «C'est l'emploi où il y a plus d'accidents du travail. C'est inacceptable qu'il soit fait à la course.» De plus, cela mécontentait les citoyens, qui voyaient leur bac de recyclage lancé à la volée n'importe comment.

Problème de douches

Ce laisser-aller serait né d'un banal problème de douches, explique le président. Aux prises avec des installations sanitaires défectueuses à l'arrondissement, les cols bleus auraient pris l'habitude d'aller prendre leur douche chez eux, avec la bénédiction de leur contremaître. Au fil du temps, l'habitude de rester tranquillement à la maison se serait développée jusqu'à devenir inacceptable.

Cités par TVA, des employés ont estimé hier qu'on a fait grand cas de vétilles. «Le travail était fait, ils allaient souper chez eux, point à la ligne, a déclaré un employé. Ils ont fait une grosse histoire avec ça, comme si on ne travaillait pas. C'est complètement faux.»