Une quinzaine de maires de l'île de Montréal demandent que Gilles Vaillancourt se retire de ses responsabilités à l'Union des municipalités du Québec (UMQ). Tant que le maire de Laval s'y refusera, les élus de l'île s'abstiendront de siéger au comité de direction de l'Union en guise de protestation.

Cette position a été adoptée lors d'un vote unanime de l'Association des municipalités de banlieue, qui regroupe les villes reconstituées de l'île. Elle a été communiquée le 3 février dernier au président de l'UMQ dans une lettre qu'a obtenue La Presse.

«Tous les membres du CA doivent faire preuve d'un comportement exemplaire, aucun soupçon d'acte irrégulier ne peut peser sur eux, peut-on lire dans la missive. Dans les circonstances présentes, nous croyons qu'il vaudrait mieux pour l'UMQ et ses villes membres que M.Vaillancourt se retire.»

«Jusqu'à ce que les résultats de l'enquête ministérielle ou celle de la Sûreté du Québec l'innocentent de toutes prétendues irrégularités», le maire de Laval ne doit plus occuper de responsabilités à l'UMQ, explique la lettre écrite par le maire de Westmount et président de l'Association des municipalités de banlieue, Peter Trent.

La prise de position des élus montréalais survient alors que la situation semblait s'être apaisée à l'UMQ. L'organisme a en effet subi plusieurs secousses dans les derniers mois de 2010, alors que le monde municipal vivait une crise d'une rare ampleur.

Au mois de novembre, l'UMQ a entre autres perdu son président. Le maire de Saint-Jérôme, Marc Gascon, a en effet démissionné alors que la gestion de sa municipalité faisait les manchettes. Plusieurs voix au sein de l'Union réclamaient son retrait. La Ville de Québec, le membre le plus important de l'UMQ, a même claqué la porte.

Juste avant le départ de Marc Gascon, Peter Trent a démissionné du poste qu'il occupait au comité de direction de l'UMQ. Le maire de Westmount exigeait alors que le maire de Saint-Jérôme quitte ses fonctions à l'Union, tout comme Gilles Vaillancourt, qui siège au comité de direction et au conseil d'administration.

Gilles Vaillancourt refusant, M.Trent a persisté dans son choix. Le poste de représentant des villes de l'île de Montréal est depuis vacant au comité de direction. Le nouveau président de l'UMQ, le maire de Rimouski, Éric Forest, a donc envoyé une lettre aux maires des municipalités membres de l'Union dans l'île - ce qui exclut Montréal, qui n'est pas membre - pour les inviter à poser leur candidature.

Lors d'une réunion fin janvier, les maires des villes liées ont plutôt décidé d'imiter Peter Trent. Le poste en question restera donc vacant tant que Gilles Vaillancourt sera membre du comité de direction.

«Ce n'est pas une situation idéale, a reconnu hier Éric Forest, qui se trouvait à Saint-Raymond de Portneuf dans le cadre d'une tournée du Québec. Je souhaite que la situation se règle le plus vite possible et que le Ministère annonce ses conclusions sur M.Vaillancourt.»

«Nous vivons dans une société de droit. On ne peut mettre à la porte un administrateur sur la base de simples allégations, a-t-il dit. D'un point de vue légal, c'est dangereux. M.Vaillancourt bénéficie de la présomption d'innocence.»

Rappelons que deux députés, Serge Ménard et Vincent Auclair, ont affirmé en novembre dernier que M.Vaillancourt leur avait offert des enveloppes d'argent alors qu'ils étaient en campagne électorale dans des circonscriptions lavalloises. Le maire de Laval a toujours nié ces allégations.