Le gigantesque chantier du Centre universitaire de santé McGill, avec tous les travaux d'infrastructures nécessaires, causera de bons maux de tête aux automobilistes et résidants du secteur pour les trois prochaines années.

La construction en face du futur hôpital d'un égout collecteur «surdimensionné», notamment, rendra le secteur difficile d'accès jusqu'en juin prochain. La pose de ce collecteur de 3,6 mètres de diamètre, alors que la norme est de 1,5 mètre, a été rendue nécessaire par l'arrivée prévue en 2014 du CUSM, qui offrira 500 chambres individuelles et plus de 220 000 mètres carrés d'installation. Il permettra de plus de régler un problème récurrent de refoulement d'égouts dans le secteur, lors des fortes pluies.

La Ville de Montréal, maîtresse d'oeuvre des travaux d'infrastructures totalisant 60 millions de dollars, a d'ailleurs invité les médias à constater de visu l'état du chantier ce matin. Le boulevard Décarie, fermé à la circulation entre Saint-Jacques et De Maisonneuve depuis le 24 janvier, a été creusé sur une dizaine de mètres de profondeur et s'apprête à accueillir l'énorme conduit qui servira à l'évacuation des eaux usées.

«Une image vaut mille mots: c'est impensable d'avoir des travaux d'une telle envergure tout en permettant la circulation automobile», explique Alain Trudeau, chef de projet.  Pour les mêmes considérations de sécurité, on fermera le 1er février prochain la bretelle Saint-Jacques de l'autoroute 720, en direction ouest. Les automobilistes seront invités à emprunter la sortie Atwater ou la sortie 66, en direction de l'autoroute Décarie.

Conseiller de Projet Montréal représentant le district Notre-Dame-de-Grâce, Peter McQueen estime que ces travaux sentent l'improvisation. «À la dernière réunion des citoyens, la fermeture de la bretelle n'a même pas été mentionnée», affirme-t-il. Il milite depuis les débuts du projet pour que l'offre de transport en commun soit améliorée dans le secteur, et qu'on concrétise enfin la piste cyclable sur le boulevard de Maisonneuve.

Après la première phase des travaux, qui se terminera l'été prochain, on se lancera dans la réfection du viaduc du CP, la reconstruction de conduites d'eau secondaires et, surtout, la reconfiguration complète du boulevard Décarie. Celui-ci comptera à terme cinq voies, deux larges trottoirs de près de deux mètres et une bande centrale plantée d'arbres. Tout un contraste avec le segment de boulevard actuel plutôt à l'abandon.

La Ville assure avoir tout fait pour minimiser l'impact des travaux sur les commerçants des environs. Des enseignes précisant que les commerces sont toujours ouverts et expliquant comment y accéder seront installées. Pour un des commerçants interrogés, Omar Naser, propriétaire du lave-auto Alborz, il s'agit de poudre aux yeux. «Il n'y a aucune indication, je n'ai plus de clients, et j'ai perdu 50 000 $ jusqu'à maintenant, dénonce-t-il. Je demande une compensation mais je ne trouve personne à qui parler à la Ville. Je ne sais pas combien de temps je vais tenir comme ça.»