Devant la vente «controversée» de la gare Viger, la chef de l'opposition à l'hôtel de ville de Montréal, Louise Harel, a proposé hier que le conseil demande à l'unanimité une enquête du vérificateur général.  

Le maire Gérald Tremblay a refusé cette perche tendue par la chef de Vision Montréal. Le vérificateur, Jacques Bergeron, a «l'entière responsabilité de prendre ses propres décisions», a-t-il expliqué.

«S'il décide de faire une vérification, nous lui donnerons toute l'information pertinente sur ce dossier. Mais je ne pense pas que c'est le conseil municipal qui doit dire au vérificateur ce sur quoi il doit enquêter.»

La transaction, révélée à la une de La Presse hier, a permis à un promoteur de mettre la main sur le quadrilatère entourant la gare Viger pour 9 millions, alors que l'évaluation municipale était de 14,7 millions. Selon la chef de l'opposition, certaines informations, comme le fait d'avoir demandé que soit biffée des documents l'évaluation municipale, «soulèvent des inquiétudes».

Le maire Tremblay a contre-attaqué en rappelant que c'est l'administration Bourque qui a décidé en 2000 de vendre la gare Viger sans appel d'offres. «Je ne vois pas pourquoi le vérificateur général voudrait se pencher sur ce dossier, a martelé le maire. Mais s'il le veut, il le peut, il est entièrement autonome.»

Le maire défend son intégrité

En point de presse plus tôt hier matin, le maire Tremblay a critiqué avec virulence le reportage de La Presse, signé André Noël, qu'il a associé à du «sensationnalisme» pour vendre le quotidien et «tenter de discréditer le maire de Montréal».

Il a assuré que la transaction avait été menée dans le meilleur intérêt des contribuables, la somme obtenue de 9 millions étant bien supérieure à l'évaluation de la valeur marchande de 3 millions datant de 2000.

Quant à la valeur de l'évaluation municipale de 14,7 millions, il a reconnu avoir demandé de la biffer des documents remis aux élus «parce que l'évaluation municipale n'avait aucune importance».

«L'évaluateur ne prend pas en considération l'état du bâtiment, a-t-il expliqué. Nous savions très bien qu'il y avait 13 millions de travaux à faire. Donc les 14,7 millions n'étaient aucunement représentatifs. Par contre, c'était de notoriété publique: toute personne peut aller au bureau d'enregistrement et voir la valeur de la propriété.»

Le maire a assuré que le promoteur, Développement Télémédia, a déjà investi 42 millions de dollars dans la réfection du bâtiment. «Je suis tanné, tanné de l'acharnement sur ma crédibilité. Celui-là, je le prends personnel. Parce que ç'a été une évaluation rigoureuse et je n'ai jamais été impliqué de quelque manière que ce soit. Toutes les règles de l'art ont été respectées.»

Le maire se dit victime d'une campagne de dénigrement de La Presse, et voit dans cette dernière controverse l'ombre du chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, exclu du comité exécutif en novembre dernier.

En soirée, le chef de Projet Montréal a ironisé sur cette accusation. «Le maire de Montréal m'a fait trop d'honneur en me prêtant d'une façon machiavélique la paternité des articles d'André Noël. Ce journaliste est tout à fait capable d'écrire ses articles lui-même.»