Automobilistes en faute, l'impunité achève. D'ici la fin de 2011, la police de Montréal pourra contrôler plus de 100 000 plaques d'immatriculation par jour, grâce à 30 caméras de reconnaissance installées sur les autopatrouilles.

Le contrat de 1 088 826$ a été accordé mercredi par le comité exécutif de la Ville à la firme Genetech. Testé depuis septembre 2009 sur sept voitures, le système est d'une efficacité redoutable: en huit mois, 1,1 million de plaques ont été analysées et 5671 constats d'infraction émis.

Les résultats ont été jugés «probants» par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), en termes de rentabilité et d'efficacité. Le projet pilote ne visait qu'à retracer les automobilistes en infraction selon la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ).

Tant la Ville que le SPVM assurent que la vie privée des citoyens sera respectée. «Ce système ne recueillera aucun renseignement personnel sur les conducteurs, explique-t-on dans l'argumentaire distribué aux porte-parole du SPVM, que La Presse a pu consulter. Les photos sont automatiquement supprimées du système à la fermeture de la session par le policier.»

Les caméras seront couplées aux banques de données de la SAAQ et du Centre de renseignements des policiers du Québec. Installées sur le toit des voitures de police, elles peuvent balayer dans un angle de 180 degrés toute plaque minéralogique à sa portée, que les voitures soient stationnées ou en mouvement. On estime que chaque caméra peut capter et analyser 3000 plaques par jour.

Qui vise-t-on? Pratiquement toute automobile sur la voie publique en situation d'irrégularité, que ce soit pour défaut de paiement des droits d'immatriculation ou d'un constat d'infraction, ou parce que son propriétaire a vu son permis révoqué pour alcool au volant. On peut également retracer les criminels en fuite, les voitures volées, les personnes disparues, les personnes recherchées pour mandat ainsi que les véhicules jugés «d'intérêt».

L'information est associée à la position de la voiture établie par GPS. Le policier intervient ensuite de la façon classique, en personne, en remettant un constat d'infraction ou en arrêtant le chauffeur. «De façon exceptionnelle», assure le SPVM, les citoyens peuvent également recevoir les constats par la poste.

L'installation des 30 caméras commencera le printemps prochain et se poursuivra pendant neuf mois. Le SPVM n'exclut pas d'en étendre l'usage par la suite. On justifie cette traque par le fait que beaucoup de conducteurs dont le permis a été révoqué ou suspendu continuent de prendre le volant. Certaines études américaines menées entre 1995 et 2000, citées par les documents de la Ville, établissent que 75% de ces automobilistes délinquants continuent de prendre le volant, et qu'ils seraient impliqués dans 17% des collisions mortelles.

On se défend par ailleurs de vouloir profiter de cette technologie pour augmenter les revenus de la Ville. La cour municipale de Montréal traite environ deux millions de contraventions par année, qui devraient lui rapporter 174 millions en 2011, selon le budget déposé en décembre dernier. Il s'agit d'une hausse de 3,8% par rapport aux 168 millions en revenus de contraventions prévus en 2010.