Montréal trouvera-t-il enfin une firme de sécurité pour surveiller le quartier général de son service de police? La Ville a fait un pas en ce sens, mercredi, en autorisant le lancement d'un troisième appel d'offres en moins de deux ans pour trouver une entreprise digne de cette tâche névralgique.

Afin de s'assurer que la firme choisie ait un passé sans tache, les critères de l'appel d'offres sont resserrés: le plus bas soumissionnaire ne remportera pas automatiquement le contrat. Montréal exigera des références d'autres clients et étudiera le passé des firmes candidates.

Les tarifs de l'entreprise seront bien entendu pris en considération mais, dans la grille d'évaluation de l'appel d'offres, ils ne comptent que pour 50%.

Cette grille d'évaluation vise à «ouvrir le marché à un plus grand nombre de compétiteurs», peut-on lire dans la décision entérinée mercredi par le comité exécutif. Cette grille cherche à attirer les soumissionnaires qui privilégient «la qualité du service offert» plutôt que simplement les moins chers.

L'épisode Sécur-Action

Dans le passé, ce contrat extrêmement délicat a souvent fait les manchettes. Le dernier appel d'offres a eu lieu en juin dernier. À 874 802$ par an, la soumission de la firme Sécur-Action était la plus basse.

Elle était si basse, en fait, que le maire de Montréal lui-même s'en était inquiété. Gérald Tremblay et le comité exécutif avaient remarqué que Sécur-Action demandait moins cher pour surveiller le quartier général du SPVM qu'une entreprise qui avait fait faillite tout de suite après avoir remporté le précédent appel d'offres.

Cet appel d'offres avait eu lieu en avril 2009. L'agence Cartier, plus bas soumissionnaire, avait été choisie. Mais peu après, elle s'était placée sous la protection de la loi sur la faillite.

«J'ai posé des questions: si ce n'était pas rentable pour Cartier, comment cela pouvait-il l'être pour Sécur-Action, qui proposait un prix inférieur? a dit M. Tremblay en septembre dernier. J'ai fait mon travail à ce moment, j'ai informé le SPVM et j'ai demandé que, si le contrat devait être accordé, il le soit dans les règles de l'art.»

Le SPVM a alors ouvert une enquête sur Sécur-Action et a finalement décidé de ne plus faire affaire avec la firme. Quelques jours plus tard, la Sûreté du Québec (SQ), dont le quartier général était aussi surveillé par Sécur-Action, a imité le SPVM.

Il y a deux semaines, La Presse a révélé que l'ancien directeur de l'exploitation de Sécur-Action avait eu des démêlés avec la justice. Ces révélations permettent de mieux comprendre pourquoi la firme a été chassée des quartiers généraux du SPVM et de la SQ.

L'appel d'offres de juin dernier n'a donc jamais permis de trouver une firme, d'où la nécessité d'en lancer un nouveau. En attendant, c'est le groupe de sécurité BECQ qui surveille le quartier général. «L'entreprise a été jugée conforme et a passé les tests de vérification du SPVM», a indiqué hier Darren Becker, porte-parole du maire.

«L'erreur» BCIA

Avant Sécur-Action, c'est la firme BCIA qui assurait la sécurité des édifices de la police montréalaise. L'entreprise avait obtenu le mandat en 2006 en le rachetant d'une autre firme en faillite. Conformément à une clause en ce sens, l'entente avait été prolongée jusqu'au 31 décembre 2008. Il avait ensuite fallu attendre des mois pour qu'un appel d'offres soit lancé. Entre-temps, BCIA continuait de faire la surveillance.

Cartier a finalement remporté le contrat sans jamais l'honorer. BCIA a donc continué à surveiller le quartier général sans l'approbation des élus avant de faire faillite en juin dernier. L'ancien chef du SPVM, Yvan Delorme, a plus tard admis qu'il y avait eu des erreurs dans ce dossier. «Oui, on a continué le dossier sans aller au comité exécutif. On l'a admis, on a fait une erreur.»