La communauté d'affaires de la région métropolitaine «est résolument en faveur du développement des transports en commun», mais elle ne partage pas du tout certains des moyens utilisés par la classe politique montréalaise pour le financer ou pour inciter les automobilistes à modifier leurs habitudes de transport.

En présentant hier la mise à jour d'une étude économique de 2004 sur les bénéfices des transports collectifs, le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, a critiqué sans détour la possibilité d'une nouvelle taxe sur l'immatriculation et l'augmentation des coûts de stationnement projetée par la Ville de Montréal et l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal.

Il a aussi clairement remis en question le projet de la Ville de Montréal de mettre en place un nouveau réseau de tramways, en affirmant qu'il existe peut-être des solutions de rechange «moins coûteuses, plus efficaces et plus immédiates» pour répondre aux besoins de mobilité de la population de Montréal et des banlieues.

Le président de la Chambre de commerce a assuré qu'il existe, dans les milieux d'affaires, une certaine nervosité face à «un discours», qu'il a qualifié de «dogmatique», qui tend à opposer l'usage de l'automobile à celui des transports collectifs.

«Créons de la congestion, mettons les gens en colère et éventuellement, on fera les investissements qu'ils veulent que l'on fasse. Ce n'est pas la bonne façon pour construire Montréal», a-t-il déclaré, en caricaturant des propositions avancées notamment par les groupes écologistes et par les partisans de Projet Montréal. Ces derniers considèrent en effet qu'il faut imposer des contraintes à l'usage de l'automobile si on souhaite inciter plus d'automobilistes à changer leurs habitudes de transport.

Plateau-Mont-Royal

M. Leblanc gardait toutefois ses commentaires les plus virulents pour les projets de l'administration du Plateau-Mont-Royal, où il habite, et sa politique de stationnement, qui a provoqué une véritable fronde de la part des associations de commerçants locaux, ces dernières semaines.

«Si on se met à augmenter les taxes de stationnement sur certaines rues commerciales ou dans certaines zones du centre-ville, on créera des distorsions. Il y a des commerces qui ont certaines facilités que n'ont pas les commerçants du centre-ville. Et éventuellement, il y a des rues commerçantes qui ferment.»

Appelé à réagir aux propos de M. Leblanc, le président de la Société de transport de Montréal, Michel Labrecque, qui assistait au point de presse de la Chambre, a tenu à préciser que les sociétés de transport public n'aspirent pas «à transporter 100% des gens».

«Il y aura toujours des milliers de personnes pour qui la meilleure offre de transports en commun au monde ne répondra pas à leurs besoins», a nuancé M. Labrecque.

Par contre, insiste-t-il, il est aussi nécessaire qu'il y ait un prix à l'usage de l'automobile, qui se traduit en taxes sur l'essence et sur l'immatriculation et en coût pour le stationnement.

«Il va y avoir une discussion à ouvrir avec les gens d'affaires, a déclaré M. Labrecque, pour qu'ils comprennent bien qu'on ne peut pas déployer la meilleure offre de transports en commun au monde en se disant que tout le monde va s'y précipiter, si on développe aussi, en parallèle, la meilleure offre de transport pour l'automobile en solo.»

L'usage de l'automobile en solo, conclut-il, n'est pas une tare en soi. «Le gros problème que nous avons, c'est qu'on choisisse l'automobile pour tout, tout le temps et pour tout le monde.»