Même s'il considère que le plan de réfection de l'échangeur Turcot contient de «graves lacunes», le directeur de la santé publique de Montréal, le Dr Richard Lessard, n'entend pas exiger des modifications au projet comme le lui demande une coalition de groupes sociaux.

Une quarantaine d'organismes communautaires, environnementaux et d'élus municipaux de l'opposition ont en effet invité hier le Dr Lessard à recourir à l'article 55 de la Loi sur la santé publique du Québec. Cette disposition permet à un directeur de la santé publique de «demander formellement aux autorités de participer avec lui à la recherche d'une solution adéquate» s'il estime que la santé de la population est en jeu.

«J'ai de grandes réserves quant au projet Turcot, notamment parce que le volume de la circulation y sera trop élevé, a expliqué le Dr Lessard à La Presse. Cependant, l'article 55 vise à chercher des solutions lorsqu'elles sont inconnues. Ici, les solutions sont connues. Il s'agit de hausser l'offre de transports en commun et de réduire le nombre de voitures.»

Selon le Dr Lessard, les risques pour la santé publique qu'entraînera le nouvel échangeur Turcot sont bien documentés. Or, la décision de ne pas davantage les prendre en compte est selon lui un choix politique du ministère des Transports, et il n'a pas de rôle à jouer dans le champ politique. Il précise par ailleurs que l'article 55 de la Loi sur la santé publique est utilisé «extrêmement rarement». En poste depuis 1993, il n'y a lui-même jamais eu recours.

La quarantaine de groupes et de personnalités qui lui demandent d'intervenir ont envoyé une lettre ouverte aux médias hier. Le Centre d'écologie urbaine, Équiterre, le Conseil régional de l'environnement de Montréal, Louise Harel et Richard Bergeron ont entre autres signé la lettre.

Mardi soir, des signataires ont rencontré le Dr Lessard dans le but de le convaincre d'intervenir. La rencontre, qui a duré près de deux heures, ne l'a pas fait changer d'avis.